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L'unité de la Oumma, ce devoir oublié

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Louange à Allah, la bonne fin est du sort de ceux qui craignent Allah. Qu’Allah accorde Son salut et Sa bénédiction au Sceau des Prophètes et l'imam des Messagers, Muhammad, à sa famille et à ses compagnons.
Suite à la chute de l'Empire Ottoman, le colonialisme occidental avait pour projet primordial de briser l'unité de la Oumma et de la balkaniser en mini états dispersés, pour l'affaiblir, dissiper ses énergies et entamer sa force afin qu'elle soit ensuite facile à contenir et à contrôler.
Ainsi, dans le cadre de ses plans, il a créé de toutes pièces, dans chaque région - ou presque - des foyers de tension pour les provoquer et les inciter les uns contre les autres, pour encourager les conflits politiques et militaires autour d’eux, afin que ces foyers soient pris comme prétexte au moment que choisira le colonisateur pour une intervention dans la région.
Afin de pérenniser et d'accentuer ces différends, l'Occident a suscité les tendances nationalistes pour séparer les Arabes de leur profondeur morale et de leur environnement islamique et semer les ingrédients du chauvinisme pour isoler les pays et les peuples arabes les uns des autres.
Mais le projet colonial ne s'est pas arrêté à ce stade, car l'Occident a mis à profit, chaque occasion qui s'est présentée, pour briser l'unité des nations et pour les épuiser par des conflits séparatistes qui ne font que drainer leur force, leur capacité et leur potentiel économique et de développement, et pour fermer devant elles toutes les portes de l'urbanisation et de la croissance.
Au cours de la dernière décennie on a assisté à l'émergence d'un ensemble de projets visant à semer la division et la dissension. Au premier rang de ceux-ci viennent trois projets essentiels :

Le premier : le projet de la sécession du Sud-Soudan qui est un prélude pour plus de fragmentation, de division et d'affaiblissement.

Le deuxième : le projet de division de l'Irak en trois mini-États sectaires et ethniques qui ne font que rivaliser pour plaire au colonisateur dont ils ne seront qu'une marionnette entre ses mains.
 

Le troisième : le projet de la sécession du sud du Yémen.


Il y a d’autres projets occidentaux en sourdine qui, de temps à autres, apparaissent timidement. C'est le cas, par exemple, des projets de division du golfe, d'établissement d'un état copte en Haute-Egypte, de division de l'État du Pakistan, de déstabilisation de l'Algérie via le soutien aux velléités d'indépendance kabyles ou touaregs, etc. Et la chaine est longue et ses éléments entrainent les uns les autres.

L'ironie est que quand dans certains milieux politiques et dans les médias arabes on soulève ces questions, on s'entend dire qu'il s'agit de questions intérieures et d'affaires locales dans lesquelles il est défendu de s'immiscer, au même moment où l'Occident se permet de le faire pour en faire un jouet et un prétexte pour attaquer les droits de l'homme en terres musulmanes.


La négligence de l'unité et de la cohésion de la Oumma est un imbroglio inextricable qui exige de tout musulman, soucieux du sort de l'Islam, d'être à la hauteur du défi, et de faire preuve, autant que possible, de vigilance et de prudence. En effet, les textes religieux sont unanimes pour inciter à l'unité et à la coalition et à mettre en garde contre la division et les conflits. C'est ainsi que le Tout-Puissant dit : « Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu'Il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus : “Etablissez la religion ; et n'en faites pas un sujet de division”. Ce à quoi tu appelles les associateurs leur parait énorme. Allah élit et rapproche de Lui qui Il veut et guide vers Lui celui qui se repent.» (Coran 42/13), et dit aussi : « Et cramponnez-vous tous ensemble au “Habl” (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés » (Coran : 3/103). Il est donc évident que le Tout-Puissant ordonne à ses serviteurs de s'attacher à l'unité et d'éviter la division, les dissensions et les conflits. Il les oblige à se cramponner à sa corde incassable afin de faire prévaloir un climat favorable à la bonne entente et à l'unité de la Oumma.
L'essence du message de la Oumma est dans son unité et son unanimité à vénérer et à adorer le Créateur, exalté soit-Il, qui dit : « Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc.» (Coran : 23/52) et dit aussi : « Certes, cette communauté qui est la vôtre est une communauté unique, et Je suis votre Seigneur. Adorez-Moi donc. » (Coran : 21/92).

Un des premiers gestes faits par le Prophète () à Médine fut d'édifier la nouvelle société sur des principes de fraternité entre les Ansar et les Muhâjirûn, de jeter des bases solides susceptibles d'encourager l'affection et l'entente entre tous les musulmans, de rejeter toute forme de sectarisme qui rappelle la Djâhiliya (époque préislamique) et qui ne fait que susciter et accentuer les différends et les chauvinismes, car les relations d'unité et de fidélité dans la société musulmane se construisent et se développent proportionnellement au degré de la foi en Allah qui dit : « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. » Coran : 9/71). Or l'homme ne peut réaliser sa foi qu'en rétablissant ses relations sur la base de ce pilier conformément à la parole du Tout-Puissant : « Tu n'en trouveras pas, parmi les gens qui croient en Allah et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s'opposent à Allah et à Son Messager, fussent-ils leur pères, leur fils, leurs frères ou les gens de leur tribu. Il a prescrit la foi dans leurs cœurs et Il les a aidés de Son secours. Il les fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éternellement. Allah les agrée et ils L'agréent. Ceux-là sont le parti d'Allah. Le parti d'Allah est celui de ceux qui réussissent. » (Coran : 58/22).


Qu'elle est belle cette phrase du cadi Ayyad : « L'intimité est une des obligations religieuses, un pilier de la charia et un système qui résume à lui seul l’Islam ».
La société arabe dans la Djâhiliya était fondée sur l'entraide et l'entente tribales. En effet, la tribu était l'épine dorsale et la source de la fierté des Arabes. Quand l'Islam est venu, il a mis en place une nouvelle architecture basée sur la fraternité en religion, comme le dit le Tout-Puissant : « Les croyants ne sont que des frères. Établissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse miséricorde. » (Coran : 49/10). De là, il apparaît que le mérite ne dépend que du respect et de la pratique de la religion.


Le Tout-Puissant dit : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur. » (Coran : 49/13). Dans le sermon qu'il a prononcé à l'occasion de la conquête de La Mecque, le Prophète () a annoncé haut et fort le pilier sur lequel repose cette Oumma. Il a dit en substance : « Ô hommes ! Allah vous a débarrassé des défauts de la Djâhiliya et de la fierté des parents qu'elle prône. Il y a deux types de personnes : un homme vertueux, juste et pieux et un homme impie, débauché et pervers. Les hommes sont les fils d'Adam qui a été créé de poussière. Allah dit : "Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur. " ».

A l'occasion de son Pèlerinage d'Adieu le Prophète Prophète () a mis à profit la grande assemblée de fidèles pour parler clairement de la base sur laquelle repose cette architecture et pour mettre la dernière main sur ce que doit être la vie de cette Oumma bénie. Il a dit en substance : « […] Ô hommes, votre Seigneur est Un (Le même), et votre père (Adam) est le même, il n’y a de privilège pour un arabe sur un non arabe ni pour un non arabe sur un arabe, ni pour un rouge sur un noir, ni pour un noir sur un rouge ; si ce n’est par la piété » (Al-Bayhaqy).

En dépit du fait que ce que le Prophète () prônait n'était ni un changement allant de soi, ni un acte de pure forme dans une société tribale, il a quand même pu le réussir grâce à l'éducation divine qui a été la base sur laquelle il a fondé les rapports entre ses Compagnons - qu'Allah soit satisfait d'eux - ce qui les a rendus plus réceptifs et surtout plus disposés à respecter ses instructions et à obéir à ses ordres, même quand il s'agit d'un changement fondamental qui extirpe les défauts de la Djâhiliya et sa fierté des liens parentaux et tribaux.
C'est pourquoi Allah cite, en termes élogieux, ce bienfait grandiose qu'il a accordé à Ses serviteurs en disant : « Et cramponnez-vous tous ensemble au “Habl” (câble) d'Allah et ne soyez pas divisés ; et rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos cœurs. Puis, par Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi, Allah vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. » (Coran : 3/103). Puis Il les a mis en garde contre la minimisation de ce bienfait inestimable : « Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment. » (Coran : 3/105).

L'appel à l'unité islamique n'est pas un projet émotionnel ou un vœu pieux difficile à réaliser ou à effet négligeable. Il s'agit d'un appel sincère pour rassembler les énergies de la Oumma et pour sa réunification.
Il reste quand même qu'un tel projet comprend deux aspects inséparables :
Le premier : Faire face aux projets du colonialisme et de l'hégémonie visant à affaiblir et à diviser la Oumma pour qu'elle reste toujours une marionnette dont les potentialités stratégiques sont faciles à monopoliser.

Le second : Revaloriser les facteurs de force culturels dans la Oumma dont surtout la promotion de l'unité du monde musulman. Ayant déjà goûté l'amertume de la division et du fractionnement, la Oumma a tant souffert de la paresse et de l'incapacité qu'elle est devenue soumise et exsangue sous l'impact lourd de l'hégémonie de l’Occident. Elle ne saura sortir de sa torpeur, de sa léthargie et de sa décadence que si elle opère un retour à ses sources de foi et à ses racines historiques auxquelles elle doit s'accrocher fermement et avec fierté.
A l'occasion du pèlerinage, l'unité des pèlerins venus du monde entier apparaît sous son meilleur jour et dans toute sa portée. Ils portent les mêmes habits, leurs âmes aspirent à un seul sanctuaire, leurs mains sont élevées en soumission totale vers un Seigneur unique sans partenaire ni associé, leurs foules prient en direction d'une seule qibla, leur culte se fait conformément à une seule charia en un seul moment. C'est une occasion pour construire un seul corps, conformément aux paroles du Prophète () qui a dit : « L'image des croyants dans les liens d'amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : dès que l'un de ses membres est malade, tout le reste du corps souffre d'insomnie et de fièvre. » (Boukhari et Mouslim).
C'est donc une occasion que les oulémas, les prédicateurs et les réformateurs doivent saisir pour mettre en garde contre le chauvinisme de la Djâhiliya, et pour s'efforcer de consolider le sens de la fraternité et de la coopération en matière de justice, de piété et de relance des facteurs de l'unité de la Oumma autour du mot tawhîd (unicité) d'Allah qui dit : « “Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc ; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie.” Voilà ce qu'Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. » (Coran : 3/153).


 

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