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  2. L’interprétation de quelques hadiths

Le temps libre

Le temps libre

Le temps libre est un grand bienfait pour celui qui en profite convenablement. Quant à celui qui le passe dans des actes illicites, ce temps s’inscrira à son passif le Jour de la Résurrection. Beaucoup de gens ne tirent aucun profit de leur temps libre, comme a dit le Prophète () : « Il est deux bienfaits dont beaucoup de gens ne savent pas tirer profit : la santé et le temps libre » (Boukhari).

Ibn al-Battâl expliqua : « Ce hadith signifie que l’homme n’a de temps libre que s’il a de quoi vivre et est en bonne santé. Quiconque jouit de ces deux bienfaits ne doit pas agir avec stupidité et doit rendre grâce à Allah, exalté soit-Il, en obtempérant à Ses ordres et en s’abstenant de commettre Ses interdits. Quiconque agit autrement est perdant. Et 'beaucoup de gens' signifie que peu de gens réussissent à tirer profit de ces deux bienfaits ».

Ibn al-Djawzî souligna : « L’homme peut être en bonne santé, mais n’avoir aucun temps libre, du fait qu’il est complètement occupé à gagner son pain. Il peut avoir un temps libre, mais ne pas jouir d’une bonne santé. Voilà pourquoi un homme qui possède la santé et un temps libre, mais qui fait pourtant montre de négligence à l’égard de l’obéissance à Allah, exalté soit-Il, est perdante. Car le bas monde est la source dont on tire les provisions pour l’au-delà, et le négoce qui donne ses fruits au Jour dernier. Celui qui emploie son temps libre et sa santé dans l’obéissance à Allah, exalté soit-Il, est une personne favorisée, alors que celui qui les utilise pour désobéir à Allah, exalté soit-Il, est une personne défavorisée, puisque le temps libre est suivi par l’occupation, et la santé par la maladie ».

En fait, le temps passe tels des nuages, ou comme on dit : « Le temps est comme une épée : si tu ne le brises pas, il te brisera ». L’homme est donc sommé de profiter au mieux de son temps. Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, nota : « Le temps que possède l’homme correspond en réalité à la durée de sa vie. Il est le moyen de mener une vie éternelle dans l’au-delà, menée soit dans la béatitude infinie, soit dans l’amertume et le châtiment douloureux. Ce temps s’écoule rapidement comme le passage d’un nuage poussé par un vent violent. Celui dont le temps est consacré à Allah et qui agit pour Allah, consacrera ainsi sa vie à Allah. Mais pour celui qui mène une vie semblable à celle d’une bête et dont le temps est perdu dans l’insouciance, la distraction et les espoirs illusoires, au point que le sommeil et le désœuvrement restent les meilleures actions qu’il puisse accomplir avec son temps, la mort est pour lui meilleure que la vie ».

Si le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, ne tire pas profit de son temps libre, il ouvre ainsi la porte aux idées et aux pensées illicites et aux espoirs dévastateurs. Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit à ce propos : « Quant aux pensées, elles sont plus considérables encore, car elles sont à l’origine du bien ou du mal. Ce sont elles qui donnent naissance à la volonté, à la fermeté et à la détermination. Celui qui prend garde à ses pensées sera capable de maîtriser son âme et de dominer ses passions, alors que celui qui est dominé par ses pensées sera certes vaincu par ses passions et son âme incitatrice au mal. Et quiconque sous-estime ses pensées, celles-ci le conduiront malgré lui à la perdition. Elles ne cessent d’envahir le cœur tant et si bien qu’elles deviennent des désirs illicites. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :

'Comme un mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau. Puis quand il y arrive, il s’aperçoit que ce n’était rien ; mais y trouve Allah qui lui règle son compte en entier, car Allah est prompt à compter' (Coran 24/39) ».

Et d’ajouter : « Empressez-vous donc, qu’Allah vous fasse miséricorde, de profiter de la précieuse durée de votre vie et ne gaspillez pas votre temps. Sachez que la durée de votre vie est limitée, que vos souffles sont bien comptés et que chaque souffle diminue ce qu’il vous reste de vie. En fait, la vie est courte et les jours qui restent sont peu nombreux. Chaque partie de votre vie constitue une pierre précieuse qui n’a pas d’équivalent ni de substitut, car elle est le moyen de mener une vie éternelle dans le délice permanent, ou dans le châtiment douloureux.
Si vous comparez cette vie présente à la vie éternelle, vous découvrirez que chaque souffle exhalé équivaut à des millions d’années vécues dans une béatitude prolongée ou un malheur incomparable. Après cette comparaison, toute chose en dehors de cela est vaine. Ne gaspillez donc pas les précieux moments de votre vie sans action utile ni avantage tiré. Œuvrez à ce que la durée d’un souffle ne passe pas sans l’employer dans l’accomplissement d’un acte d’obéissance ou d’une œuvre qui vous rapproche d’Allah, exalté soit-Il. Si vous perdiez une pierre précieuse que vous possédez, vous seriez certes affligé. Comment pourriez-vous donc gaspiller votre temps sans être affligé de votre vie qui s’en va sans contrepartie ? ».

Il est établi que le temps qui passe ne revient plus jamais. Al-Mâwardi indiqua : « Vous ne devez pas – qu’Allah vous accorde le succès – gaspiller votre santé ni votre temps, en négligeant l’obéissance à Allah, exalté soit-Il, tout en ayant pleine confiance en vos œuvres précédemment accomplies. Faites de l’Idjtihâd le trophée de votre santé et de l’action l’emploi approprié de votre temps libre, car les moments ne sont pas toujours heureux et le temps n’est pas récupérable ».

Bozorgmehr renchérit : « Si le travail suppose un effort pénible, les loisirs sont un moyen de corruption ».

Un orateur a dit : « Ne passez pas inutilement votre temps et ne gaspillez pas un seul moment sans action. Car la vie est tellement courte qu’elle ne doit pas être gaspillée dans des futilités, et les biens sont tellement peu nombreux qu’ils ne doivent être pas dilapidés en vain. L’homme sensé ne laisse pas passer les jours sans en tirer profit, et ne dépense pas son argent dans ce qui ne lui apporte pas de récompense ».

Dans son Sayd-al-khâtir, Ibn al-Djawzî nota : « Je m’étonne de l’être qui ne saisit pas le sens de son existence, et qui, s’il le saisit, n’agira pas conformément à ce qu’il a compris. Il est conscient que la vie est courte, mais il la passe dans le sommeil, l’oisiveté, les conversations vides et la recherche du plaisir, alors que les jours de sa vie doivent être plutôt utilisés dans l’action et non pas gaspillés dans l’oisiveté ».

Somme toute, si l’homme n’emploie pas son temps libre dans l’accomplissement d’actions utiles, il lui viendra des idées et des pensées qui mènent aux mauvais désirs et aux péchés, qu’Allah nous en préserve.
 

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