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Leadership en Islam

Leadership en Islam

Leadership en Islam
Une voie pour débloquer le potentiel extraordinaire de l’Homme


Dwight D. Eisenhower, 34ème président des Etats-Unis d’Amérique, a dit : « Le leadership c'est l'art de faire faire à quelqu'un quelque chose que vous voulez voir fait parce qu'il a envie de le faire ». Cette citation donne une définition du leadership comme étant plus un moyen d’influence qu’un moyen d’imposer. Influencer les autres, demande de les faire se sentir impliqués et de leur faire comprendre qu’ils ont un grand intérêt à le faire.
Elton Mayo est considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie du travail. En tant que professeur à l’Université de Harvard, dans le domaine de la recherche sur le travail, il a mené une étude dans les années vingt au sein de l’entreprise Western Electric sur la motivation des employés. Dans une partie de l’atelier l’éclairage fut amélioré pour voir si cette amélioration aurait un effet sur la productivité. Non seulement la production des travailleurs du groupe où fut amélioré l’éclairage augmenta, mais aussi celle des travailleurs du « groupe témoin » où la lumière de fut pas changée. Le « groupe témoin » fut simplement informé qu’il faisait partie d’une expérience, rien de plus, rien à propos de l’éclairage ou à propos de l’étude plus généralement. Le simple fait de faire partie de l’expérience, leur donna le sentiment d’être important et de recevoir une attention particulière, ce qui augmenta chez eux leur niveau de production. La conclusion est simple : améliorer les conditions de travail permet une meilleure production mais aussi certains facteurs émotionnels tels que le fait de se sentir engagé de manière positive.
Se sentir engagé de manière positive dans le processus de gestion d’une entreprise, des affaires gouvernementales ou même des affaires familiales est la clé du succès ! Ce principe est l’un des principes enseignés par l’Islam, la consultation dans les affaires, chûra. Le Prophète () a dit : « Celui qui consulte pour ses affaires sera guidé vers ce qu’il y a de mieux pour lui.» (Boukhari dans son livre Al-adab al-Mufrad). Abû Hurayra, puisse Allah l’agréer, a dit : « Je n’ai jamais vu personne consulter autant ses compagnons que le Prophète ». Pour plus d’information sur la consultation veuillez vous référer à l’article suivant – La consultation en Islam- une clé du succès.

Ce qui nous intéresse ici en tant que musulman est de savoir que le leadership en Islam est un moyen de débloquer le potentiel extraordinaire qui sommeille en chacun de nous, d’améliorer les capacités de tout un chacun, tant pour les leaders que pour la masse. Ceci ne peut cependant arriver que lorsque les dirigeants comprennent leurs propres limites et comprennent les objectifs du leadership en Islam. En étant conscient que le leadership et la justice en Islam commandent la même chose aux deux groupes, les dirigeants et les dirigés, qu’ils sont soumis au même système juridique, qu’ils ont les mêmes obligations et que ce qui est interdit et permis pour les uns l’est aussi pour les autres, les dangers dus à l’abus de pouvoir sont anticipés. La sagesse populaire veut que le pouvoir soit un agent qui corrompt et que le pouvoir absolu corrompt toute chose. En regardant l’histoire de l’humanité nous nous rendons compte que cette sagesse s’avère vraie, combien de leaders sont tombés dans le piège de l’arrogance, de la fierté et du sentiment d’impunité, écrasant leurs sujets et abusant de leurs droits ? La religion musulmane ne considère pas que le leadership soit un droit divin, il est clair que l’autorité et le droit de gouverner dépendent d’autres critères.

La théorie de droit divin justifie le leadership du roi par l’allégation selon laquelle il est roi par la volonté suprême de Dieu, sans aucune autre condition, autrement dit il est élu par Dieu. Dans la religion musulmane, l’autorité du leader est conditionnée à l’obéissance aux commandements de Dieu et aux commandements de Son Prophète. Le leader a l’obligation d’être juste et miséricordieux envers les personnes dirigées selon les critères de la Charia, cela implique aussi l’obligation de compassion, de justice, de respect, de protection, d’implication dans les problèmes de la communauté, individuels ou collectifs, etc. Le leader se voit confier la responsabilité de guider et de servir ceux qui le suivent et qui sont sous sa responsabilité. Lorsque le leader se trompe dans son jugement, peut importe en soit la raison, il se doit d’être conseillé sur son erreur afin de la rectifier. Lorsqu’Abû Bakr fut choisi comme calife après la mort du Prophète (), il fit la déclaration suivante :

« Ô les gens, j'ai été élu comme guide bien que je ne sois pas meilleur que quiconque d'entre vous. Si j'agis bien, soutenez-moi. Si je m'égare, remettez-moi dans le droit chemin. Ecoutez, la vérité est l'honnêteté et le mensonge est la malhonnêteté. Les plus faibles d'entre vous sont puissants à mes yeux, tant qu'on ne leur donne pas leur dû, si Allah le veut. Les plus puissants d'entre vous sont les plus faibles à mes yeux, tant qu'ils ne prennent pas de leurs richesses pour rendre ce qu'ils doivent aux autres, si Allah le veut. Ecoutez, si les gens cessent de combattre pour Allah, Allah fera s'abattre Sa disgrâce sur eux. Si un peuple devient malfaisant, Allah fera s'abattre Ses calamités sur lui. Ecoutez, vous devez m'obéir aussi longtemps que j'obéis à Allah et à Son Messager. Si je désobéis à Allah et à Son Messager, vous êtes libres de me désobéir ».

L’esprit de ce message est confirmé par le hadith suivant : « Il n’y a pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance au Créateur. » (Ahmed).

Pour illustrer ce point, prenons l’exemple d’une famille qui vint prendre conseil auprès d’un thérapeute car les époux avaient une divergence d’avis sur la manière d’éduquer leurs enfants. Le père était une personne très autoritaire, il pensait que ses enfants lui devaient respect et obéissance sans aucune condition. Il était très strict et sévère à tel point que lorsqu’il percevait le moindre petit indice montrant de l’irrespect envers lui ou une non-conformité aux règles qu’il avait établies, il perdrait son sang froid et sa main se levait. Lorsque la mère essayait de s’interposait entre lui et l’enfant, il hurlait sur elle lui rappelant qu’elle n’avait pas le droit de le faire car cela revenait à s’opposer à son autorité et à la détruire.
Le thérapeute demanda au père de famille de décrire les propos et les gestes de son épouse lorsqu’elle essayait d’intervenir. Il dut admettre qu’elle était très douce et ses gestes très calmes, par exemple elle posait sa main calmement sur sa poitrine ou son épaule et lui disait : « Pourquoi ne pas nous asseoir et discuter de ce point calmement et pourquoi n’essayons-nous pas de trouver une solution qui nous sera à tous profitable ? » Le thérapeute lui demanda ensuite s’il pouvait qualifier l’attitude ou le ton de son épouse d’irrespectueux. L’époux répondit qu’il n’en était rien. Le thérapeute demanda aux deux parents s’ils avaient parlé de ce sujet en privé, loin des oreilles de leurs enfants, pour essayer de trouver une solution mettant tout le monde d’accord.
Selon le père, ils avaient tenté à maintes reprises par la discussion de trouver un accord sur le sujet mais en vain. Le thérapeute montra du doigt que l’intervention de la mère cherchant à empêcher le père d’agir tombait dans la catégorie des actes accomplis pour s’enjoindre le bien et prévenir le blâmable, car le père agissait sous l’emprise de la colère, pouvant blesser ses enfants et d’une certaine manière cela transmettait le message aux enfants selon lequel agir par impulsion était une chose acceptable, au détriment du comportement fait avec self-control. Toujours selon le thérapeute, la mère de famille agissait selon les enseignements du Noble Coran, en effet l’un de ses principes est que nous devons rappeler à nos frères et sœurs en Islam les enseignements de l’Islam car le rappel est bénéfique aux croyants. Il rappela le hadith dans lequel il nous est demandé de venir en aide à notre frère qu’il soit l’oppressé ou l’oppresseur, l’oppressé pour l’aider à ce sortir de la difficulté et l’oppresseur pour qu’il corrige son comportement. Après avoir abordé d’un autre angle la dynamique de la famille, le père commença à prendre conscience de la situation, à comprendre l’importance du problème de l’éducation plus profondément.

Ceux qui basent leur compréhension du leadership sur la force et les privilèges ont de grandes difficultés à justifier leur position lorsqu’ils sont confrontés au modèle de leaders que furent notre noble Prophète () et ses Compagnons.
Une histoire à propos de ‘Umar alors calife illustre à merveille comment la position de leader d’une communauté doit être mise en pratique. Alors qu’il marchait un jour dans les rues de la ville pour s’assurer de la sécurité et du calme qui y régnaient, il entendit, provenant d’une maison, un bruit qui lui fit penser qu’une chose blâmable était en train d’être accomplie. Il devint alors furieux et frappa à la porte. Personne ne lui répondit, il décida donc d’escalader le mur de la cour et cria à l’homme qui se trouvait à l’intérieur : « Pourquoi ne respectes-tu pas la loi et permes-tu de telles choses au sein de ta maison ? » L’homme lui répondit : « Personne n’a le droit de parler à une autre personne de cette manière. J’ai peut-être commis une erreur, mais regarde le nombre de celles que tu viens de commettre : tu m’as espionné, Allah ne nous a-t-il pas demandé de ne pas espionner ? Tu as escaladé le mur de ma maison pour y entrer, Allah ne nous a-t-il pas enseigné de frapper à la porte des maisons pour y demander la permission d’y entrer ? Tu es entré sans ma permission, Allah ne nous a-t-il pas enseigné de demander la permission au propriétaire des lieux avant d’entrer ? Et tu ne m’as pas salué, Allah ne nous a-t-il pas demandé de ne pas entrer dans une maison sans indiquer que nous sommes amis et sans saluer les personnes présentes ? » ‘Umar fut pris de remords et dit : « Je te pardonne ton erreur.» L’homme lui dit : « Voici ta cinquième erreur, comment peux-tu pardonner ce qu’Allah a défini comme péché ? ».

La raison pour laquelle l'autorité donne le plus grand respect et le droit d’être obéi est que selon l'Islam, celui qui en a la charge s'engage à respecter la loi en premier et à l’appliquer à sa propre personne avant de l’appliquer aux autres, il doit aussi être suffisamment humble pour entendre les conseils qui lui sont donnés s’il se trompe. ‘Umar a dit : « Qu'Allah bénisse celui qui me montre mes défauts. » Le principe de l'obéissance aux gouverneurs est subordonné à leur respect des lois d'Allah et de la Sunna du Prophète ().

Dans la seconde partie de cet article nous verrons le concept de bil ma’rûf comme un critère d’autorité et d’obéissance et l’importance du travail de purification de l’âme que doivent entreprendre les dirigeants.
 


 

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