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La révolte des Noirs et l’incendie de Bassora

La révolte des Noirs et l’incendie de Bassora


Depuis qu’al-Husayn ibn ‘Alî (Radhia Allahou Anhouma) s’était révolté contre le calife Omeyyade Yazîd ibn Mu’âwiyya en l’an 60 de l’Hégire, cette révolte était devenue une « sunna » pour ceux de la Maison des Tâlibiyyîn (en référence au nom Tâlib), c’est-à-dire les Chiites. Et c’est ainsi que de temps à autre apparaissait un individu se réclamant d’Ahl al-Bayt, qu’il fût de la branche remontant à al-Husayn ou à celle remontant à al-Hasan, qui appelait les gens à suivre la Vérité, à accomplir le bien, à ne pas faire le mal et surtout à se révolter contre le pouvoir en place ; en fait, très rapidement à chaque génération, il y eut au moins un ou deux personnages émanant de cette Maison appelant à une insurrection contre le pouvoir califal. Il est notable que ces révolutionnaires profitaient de l’amour que les gens avaient pour les gens de la Maison du Prophète (), c’est-à-dire Ahl al-Bayt, afin d’enflammer leurs cœurs et de les pousser à prendre part à leurs entreprises insurrectionnelles, nous pouvons d’ailleurs dire que cet amour était probablement le principal élément sur lequel ils s’appuyaient pour s’attirer des sympathies et obtenir des soutiens.
Ces agitations politico-religieuses mirent sur le devant de la scène des personnalités issues de cette Maison qui n’étaient pas des parangons de piété et de vertu, ils ne se révoltaient que pour des raisons mondaines et pour défendre des intérêts purement matériels. Par ailleurs, ces mouvements de révolte firent apparaître des tartuffes et autres menteurs professionnels qui prétendaient appartenir à Ahl al-Bayt, alors que cela était faux, afin d’attirer les gens dans leur sillage, puis de réaliser leurs vils desseins qui étaient de dénigrer la vraie religion et d’accumuler des richesses matérielles.
Nous consacrons donc notre présent article à l’un de ces prédicateurs menteurs qui a mené les révoltes les plus violentes et sanglantes qu’ait connues l’histoire de la Oumma, lesquelles durèrent quinze ans de manière continue.

En l’an 255 de l’Hégire apparut un homme issu des faubourgs de Bassora qui prétendit être ‘Alî ibn Muhammad ibn Ahmad ibn ‘Îsâ ibn Zayd ibn ‘Alî ibn al-Husayn ibn ‘Alî ibn Abî Tâlib, mais cela était un mensonge car cet homme n’était qu’un domestique et son vrai nom était ‘Alî ibn Muhammad ibn ‘Abd al-Rahîm, ce dernier semblait être originaire d’un village de la région de Rayy. Cet individu se mit à appeler à ses vues les esclaves noirs qui balayaient le fumier à Bassora, il leur parlait de liberté, de justice, d’égalité, d’une juste distribution de l’argent entre les gens ou encore de l’invitation à faire le bien et de l’interdiction de faire des choses blâmables ; par bien des aspects son discours ressemble à ce que l’on peut entendre aujourd’hui dans la bouche de certains socialistes ou communistes avec cette différence que ce ‘Alî usait de sa prétendue appartenance à Ahl al-Bayt afin d’attirer les ignorants, lesquels étaient fort nombreux !
Et en effet un groupe de Noirs et d’ignares commença à s’intéresser au discours de ‘Alî et à croire en ses mensonges, ses adeptes n’étaient pas au départ très nombreux, on peut même parler d’un groupuscule, mais notre gourou réfléchit sérieusement à la manière d’agrandir sa base militante. Et c’est ainsi que ce vil menteur décida de partir pour Bagdad afin d’appeler les Chiites qui y habitaient à mener avec lui sa révolution, ‘Alî dit donc à ses compagnons : « Je peux apprendre une sourate du Coran par cœur en une heure simplement en la lisant une fois et sans que personne ne me l’apprenne » ; en outre, il leur dit qu’il pouvait savoir ce qu’il y avait dans leur tête et que c’est Allah qui lui permettait de faire ça. C’est ainsi qu’après un certain temps ses idées commencèrent à se diffuser dans la capitale califale parmi les naïfs et les ignorants, il vit donc les rangs de ses adeptes grossirent notablement. Etant maintenant à la tête d’un groupe d’apprentis révolutionnaires conséquent, ‘Alî choisit de retourner à Bassora où il ne tarda pas à entrer en conflit ouvert et armé avec le gouverneur de cette ville, le révolutionnaire prit de nombreuses fois le dessus sur lui et inversement, mais ‘Alî était guidé par une détermination sans failles, il lutta donc avec ses hommes contre les autorités locales jusqu’à ce qu’une grande partie de la population prenne fait et cause pour son combat, population qu’il avait pris soin de ne pas voler et de ne pas agresser, ceci explique cela ; en fait, ‘Alî finançait sa révolte avec l’argent pris au gouverneur, il put donc renforcer sa position et augmenter considérablement son influence.
Le calife abbasside al-Mu’tamid eut vent de ces événements et comprit assez vite que ce ‘Alî, dont les forces ne cessaient de grandir, représentait un danger important. Le calife fit donc envoyer contre lui plusieurs expéditions armées, lesquelles furent toutes vaincues par l’agitateur de Bassora. Puis après ces épisodes, ce dernier alla transporter sa révolution en Perse où, profitant de leur ignorance et de leur attachement naturel à Ahl al-Bayt, il appela les gens à suivre son mouvement insurrectionnel ; ‘Alî passa donc un certain temps dans ce pays jusqu’à ce que des informations lui viennent et lui apprennent qu’il y avait des richesses et des vivres dans la ville de Bassora, il décida donc d’y retourner afin de l’attaquer et de s’emparer de ces dernières.
Ce triste personnage était accompagné d’un djinn démoniaque qui lui apportait des informations et lui disait ce qui s’était passé, c’est ainsi que ‘Alî se leva parmi ses adeptes et les appela à attaquer Bassora, il leur dit : « J’ai invoqué Allah contre les gens de Bassora et on m’a dit dans mon somme qu’ils étaient pour moi comme un pain dont je mangerai les côtés, et si la moitié de la miche se cassait, alors elle se briserait complètement, j’ai interprété la miche comme étant la lune et le fait qu’elle se brise comme étant l’éclipse de cet astre, puis Bassora a été élevée pour moi entre le ciel et la terre, et j’ai vu sa population se faire tuer, et j’ai vu les anges se battant à mes côtés et renforcer mon armée ». Ce que lui avait révélé le diable de ‘Alî dans son somme et qu’il a répété à ses adeptes a bel et bien eu lieu, c’est ainsi que le soleil s’éclipsa à Bassora le 14 de Chawwâl de l’année 257, cet événement échauffa les esprits de ses sectateurs noirs ignorants, lesquels pensèrent qu’il était dans le vrai.
L’attaque de ce personnage malfaisant et de ses adeptes ignorants contre la ville de Bassora eut lieu donc le jour de l’éclipse, ils la détruisirent complètement, brûlèrent sa grande mosquée et tuèrent en grand nombre ses défenseurs, ses chefs et ses oulémas. Le gouverneur de Bassora s’enfuit avec ses proches et laissa donc les habitants de la ville à leur triste sort ; et à ce propos il faut noter que l’un des commandants de ce ‘Alî appela les gens à se rendre en leur disant : « Ceux qui veulent se voir protéger par le pacte de sécurité qu’ils approchent ! ». Et s’est ainsi que se regroupèrent un grand nombre d’habitants de Bassora qui espéraient obtenir cette protection, hélas le commandant en question les trahit sans vergogne et ordonna de tous les massacrer ; en effet, les révoltés noirs se mirent à cerner la foule des habitants puis se dirent les uns les autres : « Pesez », ce qui était pour eux la formule devant déclencher le début du massacre, ils se déchaînèrent donc avec leurs épées contre ces victimes désarmées, on entendit alors durant de longues minutes que leurs hurlements mêlés à la profession de foi « je n’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah » ainsi que les rires de leurs bourreaux alors qu’ils leur assenaient des coups de sabre.
Les massacres et autres exactions se prolongèrent à Bassora durant plusieurs jours, ils brûlèrent tous les champs aux alentours ainsi que tous les fourrages et les pâtures, les flammes dévoraient tout sur leur passage, hommes, animaux, cultures et habitations. Ces événements qui eurent lieu à Bassora provoquèrent la mort de dizaines de milliers de personnes parmi les musulmans ; en revanche, il est à noter qu’aucun des Alides (Chiites) de cette ville ne fut tué par les révoltés. Ainsi, ce tragique événement encouragea encore les insurgés noirs à étendre leur révolution et à s’opposer de plus en plus frontalement et avec force au califat abbaside, et donc cette révolution se prolongea près de quinze années.
Pour finir, il nous semble important de rappeler que certains historiens contemporains ont émis dans leurs ouvrages l’idée que cette révolution des esclaves noirs d’Iraq était une révolution visant à lutter contre l’injustice et la tyrannie et que ces derniers n’aspiraient qu’à plus d’égalité, mais cette interprétation des faits est semble-t-il fort éloignée de la réalité et elle émane d’individus qui triture l’histoire afin d’y trouver les traces d’un proto-communisme, et ce, pour justifier cette idéologie moderne en démontrant qu’elle puise ses racines loin dans le passé.


 

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