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L’objectif de la lutte contre la corruption financière dans la sunna prophétique

L’objectif de la lutte contre la corruption financière dans la sunna prophétique

 

L’objectif de la lutte contre la corruption financière dans la sunna prophétique

La sunna prophétique accorde une importance particulière à la gestion des biens et à leur développement. Elle a lié cette question à celle de des mœurs et des valeurs ainsi qu’au concept des finalités de la religion. Et il n’y a rien d’étonnant à cela. L’argent est un des piliers de la vie. C’est par son biais qu’on peut mener notre vie, que l’on peut mettre en pratique certains piliers de l’islam et accomplir certains rites de la religion. C’est pourquoi la sunna prophétique est la source fertile de l’aspect pratique de l’économie. C’est à partir de la sunna que le musulman puise de nombreuses valeurs et bons comportements en lien avec l’activité économique pour qu’il puisse réaliser l’objectif supérieur en lien avec l’argent, et obtenir ainsi une vie aisée et agréable.

Par exemple, sans que cela ne soit exhaustif, la sunna prophétique pose les bases du contrôle financier qui garantit les rapports monétaires de toute corruption de ceux qui ne courent qu’après des convoitises matérielles. La sunna présente l’exemple le plus clair du contrôle administratif – selon la terminologie contemporaine – et se distingue en réformant les consciences et les cœurs puisqu‘elle pose les bases dans les âmes des croyants le principe d’autocontrôle au niveau des individus et de la société.

Dans le hadith de Abdullah ibn Mas’ûd, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète, , a dit : « Qui nous trompe n’est pas des nôtres et qui fait montre de ruse ou de trahison ira en enfer. » Rapporté par Ibn Hibbân et jugé authentique par Al-Albânî.

L’histoire de ce hadith nous montre le rôle que jouait le Prophète, , dans l’observation de l’activité économique du marché de la ville de Médine. Voyons cela dans le hadith rapporté par Al-Tabrânî :

Selon Anas ibn Malik, le Messager d’Allah, , passa un jour devant un tas de céréales dans lequel il introduisit la main. Ses doigts en ressortirent humides car la nourriture avait été touchée par la pluie. Il dit au vendeur : « Que signifie cela ? » Il répondit : « C’est la même nourriture, Messager d’Allah. » Il dit : « Pourquoi n’as-tu pas placé la partie mouillée d’un côté et la partie sèche de l’autre afin que les gens puissent voir ce qu’ils achètent ? » C’est là que le Prophète, , institua cette loi d’autocontrôle en disant : « Celui qui nous trompe n’est pas des nôtres. »

Le Prophète, , a établi un ensemble de directives par lesquelles il a coupé court à toutes les voies qui mènent à la corruption financière à ceux qu’il désignait pour prendre en charge des fonctions publiques. Il a d’ailleurs lié cela au sort de l’individu dans l’au-delà. Cela a plus d’impact que de lier les âmes aux lois et aux châtiments mondains. Parmi ces directives, citons celle énoncée dans ce hadith rapporté par Abdullah ibn Burayda, selon son père, qui a entendu le Prophète, , dire : « Celui que nous désignons à une fonction pour laquelle nous lui attribuons un salaire et qui, suite à cela, prend de l’argent qui ne lui appartient pas alors cet argent sera comme un butin acquis illicitement. » Rapporté par Ibn Khuzayma. Al-A’dhami a dit : sa chaine de transmission est authentique.

‘Adiyy ibn ‘Umayrah Al-Kindî rapporte avoir entendu le Messager d’Allah, , dire : « Quiconque profite de la fonction dont nous l’avons chargé pour voler ne serait-ce qu’une aiguille est considéré comme ayant dérobé une partie du butin qu’il devra apporter avec lui le Jour de la résurrection. » Entendant cela, un Ansar de couleur noire - c’est comme si je le voyais devant moi - se leva et dit : « Messager d’Allah ! Relève-moi de la fonction dont tu m’as chargé. » Il lui demanda : « Que t’arrive-t-il ? » L’homme répondit : « Je t’ai entendu prononcer telle et telle parole. » Le Prophète reprit : « Je le répète encore une fois : quiconque a été chargé d’une fonction par nous doit rendre compte de tout ce qu’il a reçu, aussi minime soit-il. Qu’il en prenne ce qui lui revient de droit et qu’il s’abstienne de ce qui lui est interdit. » Rapporté par Ahmad. Al-Arnâ’ût a dit : sa chaine correspond aux conditions de Muslim.

Omar ibn Al-Khattâb, qu’Allah soit satisfait de lui, relate que, lors de la bataille de Khaybar, un groupe de compagnons se présentèrent au Prophète, , auxquels ils annoncèrent le martyr de certains musulmans dont ils mentionnèrent les noms. Mais lorsqu’ils nommèrent un combattant mort également selon eux en martyr, le Messager d’Allah répliqua : « Pas du tout. Je l’ai vu en Enfer à cause d’un vêtement qu’il a dérobé dans le butin. » Il ordonna alors à Omar : « Ô ibn Al-Khattâb, va et fais l’annonce aux gens que seuls les croyants entreront au paradis. » Omar dit : « Je faisais l’annonce aux gens que seuls les croyants entreront au paradis. »

La sunna a également centré son propos sur la protection des biens publics pour que personne n’en fasse une acquisition malsaine par voie de corruption. Puisque, comme son nom l’indique, ce sont des biens qui appartiennent à tous. Et il se peut que cela soit la cause pour que les âmes de certaines personnes aient l’audace et l’insolence de les accaparer. Le Prophète, , a défini son statut par rapport aux biens publics comme il est dit dans un hadith rapporté par Abu Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui, selon qui le Prophète, , a dit : « Je ne vous donne pas des biens ou vous en prive en fonction de mes penchants. Je ne fais que les distribuer en fonction de ce qui m’a été ordonné. »

Shaykh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : « Les hommes qui ont la responsabilité des biens publics n’ont pas le droit de les distribuer selon leurs passions comme peut le faire un roi avec ses biens. Ces hommes ne sont autre que des agents auxquels il a été confié un dépôt, ils sont les représentants et les mandataires de l’autorité publique et non pas des propriétaires. Le messager du seigneur de la création lui-même nous a informés qu’il ne prive ou ne donne pas des biens selon son bon vouloir ou son choix comme pourrait le faire un roi auquel il est permis de disposer de ses biens comme il l’entend. » Fin de citation.

Un des autres aspects de la corruption financière contre lequel la sunna a sévèrement menacé qui s’en rend coupable, le crime de ne pas s’acquitter de la Zakât. Puisque cela est un droit obligatoire. C’est une purification pour les biens et un moyen de les fructifier. Cette attention repose sur la connaissance de la nature humaine qui rend l’homme avide et radin. Dans le recueil de Muslim, est mentionné ce hadith :

D’après Abou Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui le Messager d’Allah, , a dit : « Quiconque possède de l’or ou de l’argent, mais n’en acquitte pas l’aumône légale sera, le Jour de la résurrection, marqué au flanc, au front et au dos par des plaques de feu. Chaque fois qu’elles refroidiront, ces plaques seront portées à incandescence tout au long d’un jour dont la durée sera de cinquante mille ans et qui se terminera par le jugement des hommes. Il verra alors sa destination, soit au Paradis, soit en Enfer. » Quelqu’un demanda : « Messager d’Allah ! Qu’en est-il des chameaux ? » Il répondit : « Quiconque possède des chameaux, mais n’en acquitte pas l’aumône légale - consistant notamment à les traire le jour où ils vont à l’abreuvoir pour en distribuer le lait - sera, le Jour de la résurrection, jeté à terre dans une vaste plaine, puis piétiné et mordu par tous ses chameaux, plus imposants que jamais, qui se succèderont sans cesse et sans qu’il en manque un seul, aussi petit soit-il. Et ce, tout au long d’un jour dont la durée sera de cinquante mille ans et qui se terminera par le jugement des hommes. Il verra alors sa destination, soit au Paradis, soit en Enfer. » Quelqu’un demanda : « Messager d’Allah ! Qu’en est-il des vaches et des moutons ? » Il répondit : « Quiconque possède des vaches et des moutons, mais n’en acquitte pas l’aumône légale sera, le Jour de la résurrection, jeté à terre dans une vaste plaine puis encorné - sans qu’il y ait d’animal sans cornes, aux cornes cassées ou recourbées - et piétiné par tous ses animaux qui se succèderont sans cesse et sans qu’il en manque un seul. Et ce, tout au long d’un jour dont la durée sera de cinquante mille ans et qui se terminera par le jugement des hommes. Il verra alors sa destination, soit au Paradis, soit en Enfer. »

C’est ainsi que la sunna a alerté sur de nombreux comportements abusifs en lien avec l’argent et qui sont interdits par la religion. C’est le cas de l’usure, des ventes dont l’issue est incertaine, se réserver illicitement le monopole d’un bien ou d’un service, les jeux de hasard, le gaspillage, les pots de vin, les butins acquis illicitement, le vol, faire monter artificiellement les enchères dans le but de nuire aux vrais acheteurs, aller à la rencontre des marchandises avant qu’elles n’arrivent dans les marchés, au citadin de vendre pour le compte du paysan, vendre en ayant recours à des serments mensongers, mentir et dissimuler les défauts d’une marchandise … ainsi que le reste des comportements que la sunna a interdit entre les gens pour prendre en considération l’objectif religieux qui est de lutter contre la corruption financière et combattre tous ses aspects, freiner les envies humaines et réprimer son égoïsme négatif. C’est à travers ce genre de lois que la vie en société se réglera et que les subsistances de chacun seront pérennes.

En revanche, quand les organisations économiques négligent de telles lois justes alors les marchés musulmans et leur économie seront corrompus, ils sont cernés par les crises financières et les problèmes économiques complexes, et ce que nous vivons en est la preuve.

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