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L'empoisonnement du Prophète

Question

As salam aleykum, J’ai une question sur l’histoire de l’empoisonnement de la part d’une femme juive à l’encontre de notre bien-aimée Prophète. J’ai lu que par cela elle voulait vérifier s’il était bien un Envoyé d’Allah azawajal, j’ai lu que par la suite elle s’est convertie à l’Islam, mais a-t-elle été condamnée à mort pour avoir assassiner un sahabi et tenter d’assassiner le Prophète ? Si non est-ce que la conversion à l’Islam supprime toute affaire judiciaire ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il est rapporté dans les deux Sahihs d'après Anas ibn Malik qu’une juive offrit au Prophète () à manger une brebis dont la viande avait été empoisonnée et il en consomma un morceau. On fit alors venir la femme au Messager d'Allah () qui l’interrogea au sujet de ses mobiles. Elle reconnut qu’elle voulait l’assassiner. Le Prophète () lui dit : « Allah ne te donnera jamais le pouvoir de le faire ».
L’assistance demanda alors : « Devrions-nous la tuer ?» « Non » répondit le Prophète ().
Dans son livre al-Mustadrak, Al-Hakim rapporte d’après Abû Hurayra (qu'Allah l’agrée) qu’une femme juive invita le Prophète () et un groupe de ses compagnons et posa devant eux un mouton rôti, le Messager d’Allah prit un morceau qu’il mit dans sa bouche. Mais très vite, il mit en garde ses compagnons en disant : « Levez vos mains, ce mouton est empoisonné. » Il convoqua la femme et lui demanda : « Malheur à toi, pourquoi as-tu fait cela ? » Elle répondit : « Je me suis dit que si tu étais un vrai prophète alors Allah te protégerait et mon subterfuge ne saurait te nuire et que si tu étais menteur, les gens seraient soulagés par ta mort. » Bichr ibn Al-Barâ’ en mangea un morceau de viande et il mourut peu de temps après. Le Prophète () ordonna alors de tuer cette femme.

L’imam al-Nawâwi a dit dans son livre Charh Mouslim :
« Le Cadi ‘Iyâd dit que les traditions et les oulémas divergent sur la question de savoir si le Prophète () avait tué cette femme ou non. Il est dit dans Sahîh Mouslim : « Ne devons-nous pas la tuer ? » dit-on. « Non, » infirma le Prophète (). Hadith rapporté pas Anas. Un hadith pareil est rapporté par Jâbir et Abu Hurayra. Mais Jâbir rapporte dans une autre version d’après Abu Salama que le Prophète () l’avait condamné à mort. La version d’Ibn ‘Abbâs mentionne que le Prophète () l’avait livrée aux ayants cause de Bishr ibn al-Barâ qui mourut justement par cette viande empoisonnée, et que ceux-là l’exécutèrent. Ibn Sahnûn dit que les traditionnistes s’accordent unanimement que le Prophète () l’avait exécutée. Selon le Cadi ‘Iyâd, ces hadiths et avis divergents se concilient en considérant que le Prophète () ne l’avait pas exécutée au début lorsqu’il avait découvert le poison. On lui dit alors : « Exécute-la » mais il opposa que : « Non ». Mais lorsque par la suite Bishr succomba au poison, le Prophète () livra cette femme aux ayants cause de celui-là, qui l’exécutèrent en application de la loi du talion. Ainsi, ceux qui soutiennent que le Prophète () ne l’avait pas tué, disent vrai, car il ne l’avait pas tué au début. Et ceux qui soutiennent qu’il l’avait exécuté, disent également vrai, car il le fît ultérieurement. » Fin de citation
Quant à sa conversion à l’Islam, elle n’est pas prouvée. Ma’mar a rapporté de Al-Zouhri qu’elle s’est convertie à l’Islam sans mentionner la source sur laquelle ils se sont basés pour affirmer une telle chose. Beaucoup gens affirment le contraire.
Al-Zouhri a dit : « Elle s’est convertie à l’Islam et le Prophète () ne l’avait tué. » Ma’mar a dit : « Quant aux gens, ils disent que le Prophète () l’avait exécuté. »
Ce qui soutient qu’elle ne s’est pas convertie à l’islam est ce qui a été mentionné par de nombreux exégètes concernant la non-application de la loi du talion au non musulman qui se convertit à l’Islam en vertu du verset et du hadith suivants : « Dis à ceux qui ont mécru, s'ils cessent, on leur pardonnera ce qui s'est passé […]. » (Coran 8/38)
« Ne sais-tu pas que la conversion à l'islam efface tous les péchés commis dans le passé ? » (Mouslim)
Il est bien connu que Wahshi, le tueur de Hamzah, est resté après la mort du Prophète () et qu’il n'a pas été puni pour le meurtre de ce noble compagnon.
Ibn al-Qayyim a dit dansson livre Ahkâm Ahl al-Dhimma : « Selon l’unanimité des musulmans appuyée par les hadiths notoires (mutawâtir), si l'assassin du martyr se convertit à l'islam, il n'aura pas à payer le prix du sang ni à faire une expiation. Un groupe a embrassé l'Islam à l'époque du Prophète () et on connaissait ceux qu’ils ont tué, comme Wahshi bin Harb, le tueur de Hamza, le tueur d'Al-Nu' man bin Qawqal, et bien d'autres et le Prophète () ne leurs a demandé de rendre aucun compte mettant en application le verset : « Dis à ceux qui ont mécru, s'ils cessent, on leur pardonnera ce qui s'est passé […]. » (Coran 8/38) » Fin de citation

Et Allah sait mieux.

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