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La calomnie : une grâce divine sous forme d’épreuve

La calomnie : une grâce divine sous forme d’épreuve

«Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous […]» (Coran 24/11)

 

Ces mots divins résument les événements difficiles que vécurent les musulmans.  Ces jours témoignèrent de troubles susceptibles de ruiner les gens et de rumeurs qui atteignirent le foyer du Prophète () visant  à déformer son image pure gravée dans le cœur  des croyants.  En fait ces rumeurs ne ciblaient pas le Prophète et sa famille, mais attaquaient plutôt sa prophétie et son message.

Cette affaire eut lieu suite à une bataille entre les musulmans et l'ennemi.  Le Messager d'Allah () était sorti en compagnie de Aïsha --.  Sur le chemin du retour, la caravane s’arrêta pour se reposer.  ` Quant à Aïsha, elle attendait le moment du départ dans son palanquin. En palpant son cou, elle découvrit qu’elle avait perdu un collier que sa sœur lui avait prêté.  Elle descendit donc, alors qu'il faisait nuit, pour le chercher.  Elle ne savait pas que la caravane allait partir, que les hommes avaient préparé son palanquin en croyant qu'elle  était à l’intérieur et que l'armée s'était mise en route la laissant seule en plein désert.

Dés qu'elle trouva son collier, elle se précipita pour rattraper l'armée, mais il était tard. Elle ne trouva que les traces qu'ils avaient laissées.  Elle se trouva  dans un état de confusion et ne savait quoi faire. Puis, elle prit la décision de retourner à l'endroit de la caravane en attendant qu'on envoie quelqu'un pour la prendre.  Elle demeura sur place et s'endormit.

Le lendemain, Safwaan Ibn Al-Mo`attal As-Salmi -qu'Allah soit satisfait de lui- qui était chargé d'assurer l'arrière-garde afin de récupérer les objets perdus, vit une femme endormie vêtue de noir.  Il sut qu'il s'agissait d`Aïsha --.  Elle sentit sa présence et couvrit son visage.  `Aïsha racontait: "Par Allah, il ne m’adressa aucune parole et je ne l’entendis dire que « Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons) ».  Il descendit de son chameau et la laissa monter.  Puis il la ramena en lui tournant le dos pour essayer de rejoindre la caravane l'après-midi.

Quelques jours plus tard, des rumeurs tendancieuses et des attaques rancunières ciblèrent `Aïsha -.  Ces rumeurs s’étaient propagées et avaient été tramées par `Abdullah Ibn Obay Ibn Saloul, le chef des hypocrites.  Ces mensonges se sont répandus parmi certains musulmans qui les accueillirent naïvement et les transmirent à d'autres.  Parmi eux figuraient Hassaan Ibn Thaabit Al-Ansaari, le poète du Prophète (), Mistah Ibn Othaatha -qu'Allah soit satisfait de lui-, l'un des parents d'Abou Bakr As-Sidiiq ainsi que Hamna Bint Jahch --, la cousine du Prophète () et la sœur de son épouse.  Allah -Exalté soit-Il- a préservé les autres compagnons d’être impliqués dans des discussions à ce sujet. Leur situation et leurs paroles sont décrites par le Coran:

 

«Et pourquoi, lorsque vous l'entendiez, ne disiez-vous pas: ‹Nous ne devons pas en parler. Gloire à Toi (ô Allah)! C'est une énorme calomnie›?» (Coran 24/16)

 

Une fois que ces rumeurs parvinrent au Prophète, ,  il en fut abasourdi. Imaginons les multiples sentiments et la longue souffrance que vécut le Prophète () lors de ces événements. Il était le témoin de calomnies qui atteignaient sa réputation et offensaient son honneur sans qu'il ne puisse y mettre un terme.

De son côté, `Aïsha n'était pas du tout au courant de ces rumeurs, ni des diverses interprétations des gens car elle était malade pendant toute cette période.  Néanmoins, elle sentait un changement dans le comportement du Prophète à son égard.  Elle ne trouvait plus chez lui le tendre toucher, les mots doux et les sentiments débordants.  Soudain, elle se rendit compte du changement d'attitude du Prophète () qui ne s'attardait guère auprès d'elle et qui se contentait de prendre de ses nouvelles; elle essaya alors de trouver une justification à ce brusque changement.

Un jour, `Aïsha sortit avec la mère de Mistah dans le désert afin de faire ses besoins naturels, comme c'était l'habitude des femmes en ce temps-là.  La mère de Mistah se prit les pieds dans sa robe, et dit: «Malheur à Mistah».  `Aïsha, qu’Allah soit satisfait d’elle, réprouva sa parole et lui dit: «Quelle mauvaise parole!  Insultes-tu un homme qui a combattu lors de la bataille de Badr?»  A ce moment, la mère de Mistah l’'informa des rumeurs que faisaient courir certaines personnes.

Ce fut pour elle  une surprise totale et un immense drame à faire se fendre le cœur des hommes. Quelle pouvait être l'attitude de celle qui n'avait que seize ans lorsqu'elle entendait qu’on portait atteinte à ce que la femme vertueuse a de plus précieux, d’autant plus   qu’elle était l'épouse du Khalil, Prophète rapproché d'Allah  ()?

Il était normal que cette situation affecte la santé de `Aïsha -- et aggrave sa maladie.  Pourtant, cela ne l'a pas empêchée de chercher les causes de ce récit fabriqué de toutes pièces.  Dés son retour chez elle, elle demanda au Prophète () la permission de se rendre chez ses parents.  Quand sa mère la vit, elle lui demanda la raison de sa venue.  `Aïsha lui dit ce qu’on racontait sur elle.  Sa mère, voulant la réconforter,  lui indiqua que cette calomnie était une sorte de jalousie vu sa beauté et sa position auprès du Prophète ().

Il n'y avait maintenant aucun doute que les gens parlaient d'elle. Sa mère vint d'ailleurs lui confirmer. Il était très dur pour elle d'imaginer que les gens tenaient de tels propos à son égard.

Le Prophète () attendit longuement la révélation.  Puis, il consulta Ossaama Ibn Zayd et `Aly Ibn Abi Taaleb.  Ossaama lui affirma qu'il était certain de l'innocence de l’épouse du Prophète, .  Quant à `Aly, il sentit la souffrance morale du Prophète ().  Il voulut le réconforter en lui suggérant de faire le choix suivant: Ou bien la répudier puis s'assurer de son innocence ultérieurement et dans ce cas là il pourrait l’épouser de nouveau, ou bien se renseigner auprès de  Barira, l'esclave du Prophète ().

Le Prophète () convoqua Barira et lui dit: «As-tu vu chez Aïcha de quoi susciter les soupçons?»  Elle lui répondit: «Non par Celui qui t'a envoyé avec la vérité, je n’ai vu chez elle aucun défaut.»  Ensuite, elle lui mentionna la jeunesse de `Aïsha au point qu'elle pouvait oublier la pâte à pain et que la brebis vienne la manger.  Puis le Prophète () demanda à Zaynab Bint Djahch qui répondit: «O  Messager d'Allah, je préserve mon ouïe et ma vue du mensonge.  Je ne connais d'elle que du bien»

Ces témoignages étaient suffisants pour que le Prophète () monte sur le Minbar et demande aux musulmans de lui permettre de tuer le chef de cette sédition `Abdullah Ibn Obay Ibn Saloul en disant: «O les musulmans qui me permet de tuer un homme qui a causé du tort aux membres de ma famille?  Par Allah, je ne connais de ma famille que du bien.  On  a mentionné un homme, à savoir Safwaan Ibn Al Mo`attal, dont je ne connais que le bien.  Il n'entrait pas chez moi sans que je ne sois avec lui  Sa`d Ibn Mo`aadh -qu'Allah soit satisfait de lui- se leva et dit: «O Messager d'Allah, je te le permets.  S'il fait partie des Aws, je le tuerai.  S'il fait partie de nos frères Al-Khazradj, donne nous un ordre et nous exécuterons cet ordre.»  Sa`d Ibn `Obaada, le maître des Khazradj, poussé par son esprit de clan dit à Sa`d: «Tu mens, tu ne pourras pas le tuer.» 

Les deux tribus entrèrent en conflit et le diable était sur le point de leur inspirer le combat.  Le Messager d'Allah () dut ramener le calme entre eux.

Une fois que l'affaire eut atteint ces limites, il fut impératif de se rendre chez `Aïsha -- pour parler face à face du problème et connaître sa position.  Le Prophète () rentra chez elle alors qu'une femme des Ansaars était présente.  Le Prophète () s’assit et prononça les deux témoignages de foi puis dit:

«O 'Aïsha, il m'est parvenu telle et telle chose sur ton compte ; si tu es innocente, Allah, Exalté soit-Il,  t’innocentera ; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et repens-toi auprès de  Lui. En effet, si le serviteur reconnaît son péché puis se repent auprès d'Allah, Exalté soit-Il, Allah, Exalté soit-Il,  accepte son repentir.»

Quand elle entendit ses paroles, elle sécha ses larmes puis se tourna vers son père et dit: «Répondez aux paroles du Messager d'Allah».  Il dit: «Par Allah je ne sais quoi dire au Messager d'Allah (  Puis elle se tourna vers sa mère qui donna la même réponse que son père.  A ce moment elle dit: «Vous avez écouté ce récit qui a trouvé un écho dans vos âmes et vous y avez cru.  Si je vous dis que je suis innocente, et Allah, Exalté soit-Il,  sait que je le suis, vous ne me croirez pas. Si j'avoue cette affaire, alors qu'Allah sait mon innocence, vous me croirez.  Par Allah, je ne trouve rien d’autre à vous dire que la parole du père de Youssof, :

« [Il ne me reste plus donc] qu'une belle patience! C'est Allah qu'il faut appeler au secours contre ce que vous racontez!› » (Coran 12/18)

 

Ensuite `Aïsha, qu'Allah soit satisfait d’elle, retourna s'allonger sur son lit en se rappelant les péripéties depuis le début de cette histoire et était convaincue que le Messager d'Allah () finirait par faire un rêve qui l’innocenterait.  Cependant Allah -Exalté soit-Il- voulut rendre le souvenir de Aïcha éternel.  Ainsi, neuf versets clairs ont été révélés au Prophète () porteurs de son innocence éternelle ; ces versets constituèrent autant de preuves irréfutables de sa vertu et de sa chasteté et révélèrent la réalité des hypocrites.  Allah le Très Haut dit:

«Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous. A chacun d'eux ce qu'il s'est acquis comme pêché. Celui d'entre eux qui s'est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. » (Coran 24/11)

 

Le malheur s'est finalement dissipé et la peine du Messager () s'est transformée en joie. Il lui dit: «Réjouis-toi `Aïsha, Allah, Exalté soit-Il,  t'a déclarée innocente. Sa mère lui dit: "Va le rejoindre".  `Aïsha -- dit par reconnaissance de la révélation de son innocence par Allah, Exalté soit-Il,  a et par confiance en la place qu’elle occupait dans le cœur du Prophète (): «Par Allah je n'irai pas à lui et c'est Allah Seul que je loue.»

Abou Bakr As-Siddiq voulut punir Mistah Ibn Othaatha pour avoir porté atteinte à l'honneur de sa fille et il jura de ne plus lui verser de pension.  Cependant, la révélation lui indiqua meilleur que cela à travers ces versets:

«Et que les détenteurs de richesse et d'aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire des dons aux proches, aux pauvres, et à ceux qui émigrent dans le sentier d'Allah. Qu'ils pardonnent et absolvent. N'aimez-vous pas qu'Allah vous pardonne? Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux! » (Coran 24/ 22)

 

 Abou Bakr, qu'Allah soit satisfait de lui,  dit alors: «Si, par Allah, j'aime qu'Allah me pardonne.»  Il revint sur ce qu’il avait dit et déclara: «Par Allah, je ne l'en priverai jamais»

D'ailleurs, le récit de la calomnie dont fut accusée As Siddiqa, fille du Siddiq n'est qu'un maillon dans la chaîne des complots contre la Da`wah et les tentatives de déformation de ses symboles. Et ceci car l'ennemi sait que cette religion repose sur l'exemple et le modèle.  S'il réussit à déformer ce modèle et ce guide, il parviendra à son but.  Quand prendrons-nous conscience de cette vérité?

 

 

 

 

 

 

 

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