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  1. La femme
  2. La prédication islamique

L'autocritique / Dr. Salman Al Awda

L

Un homme conduisait sa voiture dans la direction opposée en regardant  les convois de voitures à côté de lui empruntant la route, tout à coup il capta sur sa radio la voix de l'un des policiers chargés de la circulation qui dit  à un autre:" Il y a ici une voiture fonçant dans la direction opposée", il s'est mis à hocher la tête et à se plaindre, en disant: "plût  à Allah que ce fut une seule voiture, toutes les voitures circulent en sens inverse"! Quand j'ai fait part de cette anecdote à ma fille je l'ai fait corroborer par l'histoire de cet homme qui s'est plaint à son médecin du cas de sa femme qui entend mal. Le médecin lui demanda de parler à celle-ci à partir d'une certaine distance avant de commencer à s'approcher d'elle tout en continuant à lui parler afin de mesurer le degré de sa surdité. L'homme posa alors à sa femme une question au sujet du dîner. N'ayant pu avoir de réponse, il s'approcha d'elle et lui parla de nouveau, mais toujours sans résultat. Enfin il tint sa tête et lui répéta sa question. Il entendit enfin sa réponse : " C’est la cinquième fois que je te répète: Poulet au four"! Il n'aurait jamais pu imaginer que la faiblesse d'audition est au niveau de son oreille à lui et non au niveau de celle de son épouse !

Lorsque un ami vous téléphone et qu'il y a une interférence dans la ligne, automatiquement il va conclure que c'est votre appareil qui est en panne, ou que le problème est au niveau des centres d’émission se trouvant à côté de chez vous! Nous sommes heureux quand on expose aux autres nos souffrances et que ceux-ci se mettent à sympathiser avec nous et à blâmer ceux qui nous font du tort. Au contraire, si jamais notre ami cherche à nous transmettre calmement un message pour insinuer, tant soit peu, que  (probablement) nous portons une part de responsabilité, que la solution commence par nous, on ira jusqu' à croire qu'au lieu de nous soutenir il nous a tout simplement abandonné et ce quand bien même il se met à nous réciter du Coran à l'appui de ce qu'il avance : « Il vient de vous mêmes.» (Coran : 3/165).
Notre réaction consistera à se mettre à interpréter le sens du Coran à notre guise en disant que le bas blesse du côté des personnes qui, au même titre que nous, appartiennent à l'Islam ou à la patrie. Ce qui ne signifie nullement que nous partageons avec eux les conséquences et la responsabilité. En effet, les gens accueillent favorablement l'orateur ou l'écrivain qui prend à partie les adversaires et les ennemis, qui les insulte et expose leurs ruses, leurs plans car, pour ces mêmes gens, il a raison. L'inimité et l'hostilité excrètent généralement ce genre de plans, d'astuces et de manipulations.
Toutefois nous faisons la grimace quand on entend une voix s'élever pour  critiquer nos pratiques, faire l'analyse de notre personnalité ou flétrir certaines de nos mauvaises habitudes invétérées qui sont devenues une part essentielle de notre mode de penser, de notre comportement individuel, de notre conduite avec notre famille, de notre système social, ...etc.
Certes, nous ferons quelques pas, nous avalerons, encore une fois, d’autres couleuvres, nous ferons semblant d'avoir un esprit sportif, nous dirons même que nous acceptons la critique avec un esprit ouvert et que ceux qui nous critiquent valent mieux que ceux qui disent de bonnes choses sur nous. Ensuite on se recroquevillera sur nous mêmes et sur la question, tout en déplorant l'abus de critique. Nous nous mettrons à nous "auto-flageller"! A propos le terme "auto-flagellation" est tout à fait pertinent, même si nous l'utilisons hors contexte car on en fait un scalpel pour bander nos blessures afin de pouvoir nous mettre en face de nos erreurs et de nos  fautes devant celui qui, en critiquant ses adversaires, donne l'impression de parler d’une affaire commune qui fait l’unanimité. Alors tout le monde l’applaudit et même le porte aux nues considérant que c'est là une zone de sécurité où il n'y a rien à craindre. Mais attention il peut exagérer jusqu’à dire que nos échecs sont dus exclusivement à nos adversaires et que nous n’en sommes pour rien.
 
Par contre, celui qui s’efforce, même sans succès, de dévoiler nos défauts  fera partie, qu'il le veuille ou non, de ceux qui se risquent à montrer du doigt là où le bât blesse. Toujours est-il que nos adversaires n'auraient jamais réussi à l'emporter sur nous si nous n’avions pas nous mêmes percé et transpercé nos propres rangs « Mais si vous êtes endurants et pieux, leur manigance ne vous causera aucun mal.» (Coran: 3/120).
Pourquoi tenons nous et accrochons nous en tant qu'individus, familles, groupes, communautés et gouvernements à ce que nous considérons être, ni plus ni moins, un "sous développement". Comment se fait il que, pour nous, celui qui cherche à nous en séparer est un adversaire ou un ennemi? Permettez-moi de vous dire une chose: qu'est ce qui nous fait parfois tenir pareil langage? Pourquoi attaquons nous nos maux et nos maladies avec courage et même véhémence ? Quand je fais une critique cela veut il dire que je m'en exclus moi-même ….
Cela voudrait-il dire que nous agissons comme si nous ne faisions pas partie de cette réalité critiquée, comme si nous n’étions pas concernés par ces défauts inhérents et répandus ? Je dois me rendre compte que je fais de la critique celle-ci me concerne personnellement au même titre que les autres, sinon cela n'aurait aucun sens! Cela pourrait même vouloir dire qu'il y va de mon intérêt de critiquer les autres pour prouver que j'existe et que même je les dépasse, étant mi même à l'abri des problèmes qui les touchent ! La critique n'est pas synonyme de réjouissance des problèmes dans lesquels les autres se mêlent et se démêlent ni, non plus, un règlement de compte ; c'est plutôt un chemin qui mène à la compréhension, à la réforme et à la prises en compte.
Quand nous sommes honnêtes et conséquents avec nous même nous devons commencer par soi (car charité bien ordonnée commence par soi même) et ne pas chercher à faire exception. Nous ne devons pas nous sentir au dessus de cette réalité et comme si nous exerçons  sur elle une quelconque tutelle de l'extérieur " Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie" (Coran : 41/35).

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