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Nourrir les âmes de nos jeunes

Nourrir les âmes de nos jeunes

L’élévation spirituelle provoquée par les rayons lumineux du mois de Ramadan touche tout le monde, elle pénètre l'obscurité épaisse de l'espace, les toits des bâtiments scolaires et universitaires, et les foules étudiantes parmi nos jeunes se trouvant dans des environnements imprégnés de savoir et de culture.

Le mois de Ramadan touche de sa chaleur spirituelle aussi bien nos étudiants que le reste d'entre nous, mais il a une façon particulière de venir et de prodiguer sa chaleur là où nous en avons le plus besoin, c’est-à-dire dans les différentes étapes critiques et importantes de nos vies afin de nous remettre sur de bons rails. Tel est l’un de ses mécanismes. Il entre dans nos cœurs et ravive nos âmes, nous rappelant le vrai but de notre présence sur cette terre. Cette inspiration crée une harmonie qui chante en chaque personne, de l'élève paresseux au musulman en hibernation en passant par le geek, le mec cool et le sportif.

Le mois de Ramadan touche certes tout le monde mais pas de la même manière. Cette sélection discriminatoire ne s’effectue cependant pas selon un critère racial, social, de popularité auprès des amis, de richesse, de profession ou de sexe. Il choisit qui seront les plus touchés par ses bienfaits selon le critère de la miséricorde divine, en fonction de la piété et du niveau de foi. La miséricorde, la peur consciente de Dieu et la foi sont les trois cadeaux du mois de Ramadan.

Dans nos inévitables routines nous nous sommes habitués à nos rôles de manière robotique, ou autrement dit nous sommes pleins d’automatismes inconscients. Cette routine "abrutissante" prive nos âmes de la nourriture spirituelle dont elles ont besoin pour se développer. Négligées et vite oubliées, nos âmes meurent de faim. Peu à peu elles s'affaiblissent et sont de moins en moins aptes à lutter contre la tentation des plaisirs éphémères de ce bas-monde. Nos cœurs errent devenant de plus en plus aveugles jusqu'à ce que leur capacité à percevoir la réalité disparaisse complètement pour faire face à un véritable brouillard et elles commencent alors à nous conduire de plus en plus loin dans l’aberration et l’égarement.

Le jeûne crée un paradoxe intéressant, en s’abstenant des plaisirs physiques de ce bas monde, il nourrit nos âmes et les remplit de spiritualité. De nouveau nourries, nos âmes passent par un éveil spirituel, ce qui entraine à son tour l’éveil des cœurs, qui à nouveau peuvent faire la distinction entre le bon et le mauvais, la vérité et le mensonge et sont en mesure de pouvoir éviter les chemins tortueux de la déchéance humaine.

Ce n'est bien sûr pas par hasard, car derrière chaque chose se trouve une sagesse, que le mois de Ramadan vient une fois par an. C'est un rendez-vous ponctuel pour une cure de rajeunissement spirituel et pour un nouveau cycle dans une tentative d'épuisement de l'âme humaine. Il nous rappelle aussi la réalité de l'être humain, constamment en mouvement avançant d'étapes en étapes, et donc qu’il est dans le besoin de ce coup de pouce du mois de Ramadan pour l'aider à franchir avec succès et en toute sécurité les différentes étapes de sa transition dans son ascension spirituelle ou retour à Allah.

Durant cette période estudiantine qui semble exempter beaucoup de nos jeunes d’un véritable travail de purification spirituelle régulier et sincère, comme si la jeunesse n'était pas moralement responsable devant Allah de ses actes ou que la préparation de sa vie dans l’au-delà était ajournée à cause de circonstances particulières telles que la charge de travail importante ou encore la préparation de sa vie professionnelle, nous ferions bien de nous rappeler que le lycée et l'université figurent pour beaucoup d'entre nous, peut-être, parmi les deux étapes les plus difficiles, quand la mort et la vie de l’au-delà semble être à mille lieux de nous. C'est pourtant durant cette période de transition que les directions spirituelles et morales de beaucoup se définissent.

Le constat selon lequel, l’homme dans le besoin d’un point de vue matériel ou face à la tentation matérielle de ce bas-monde est plutôt de nature à succomber, n’est pas une découverte pour nous. Nous connaissons la nature faible de l’homme et essayons d’y faire face.
Les parents des étudiants n’y font pas exception, ils sont parfois les premiers à encourager aux péchés ou à dévaloriser le caractère odieux de certains actes, dans le but de voir leur enfant réussir à l'école ou dans leur vie  professionnelle, défiant tous les risques moraux que cela implique. Paradoxalement ils font preuve d’un certain laxisme quand il s'agit de l’éducation spirituelle et religieuse de ces mêmes enfants, échouant devant l’une de leur plus grande responsabilité, la préparation des leurs pour la vie de l’au-delà ! Nous n'avons pas de meilleur instrument pour cette dernière étape que le mois béni de Ramadan ! Tous les ans, il vient sauver de nombreux étudiants des tentations de ce bas-monde, des influences négatives laïques et athées qui se trouvent souvent dans les lieux fréquentés par les autoproclamés penseurs et autres philosophes, des désirs dangereux conduisant à vivre une vie de déchéance psychologique, consciente ou inconsciente, outrepassant les limites du Coran et de la Sunna.

Voyons de nos propres yeux l’exemple de deux de nos jeunes musulmans durant ce mois de Ramadan.

Le lycéen joueur de football

On pourrait ne pas remarquer de différence entre Daneyal et ses coéquipiers au cours de ses entrainements de football et autres exercices physiques. Comme les autres joueurs, il donne le meilleur de lui-même, n’est pas avare dans la débauche d’énergie durant les matchs. Durant le mois de Ramadan, cependant, lorsqu’il y a une pause et que les joueurs en profitent pour se rafraichir et se désaltérer, c’est là que nous pouvons voir une différence entre Daneyal et ses coéquipiers.
Alors que tous se précipitent pour verser de l'eau sur leur tête et pour boire à pleines gorgées. Daneyal, lui ne boit pas. Il a développé une patience et une maîtrise de soi que très peu sont en mesure d'atteindre à un si jeune âge. Son dévouement à sa foi est remarquable et louable. Même s'il perd beaucoup de poids au cours de ses trois ou quatre heures de pratiques sous une chaleur accablante, il trouve du réconfort dans sa foi. Bien que les difficultés ne manquent pas, il refuse de sacrifier un des piliers de l'Islam. Il met fermement en pratique ce qu'il lui a été enseigné à l'école islamique : la religion passe avant tout.

Daneyal est reconnaissant envers Allah pour Ses bénédictions et Son aide indispensable pour accomplir ce que beaucoup n’osent imaginer. Il s'efforce de rester patient et endurant dans son jeûne en buvant de grosses quantités d'eau aux deux extrémités de la journée, et en mangeant ce qui va l’aider à passer sa journée lors de l'iftâr et du sahûr.
Il essaie aussi de garder son esprit occupé de sorte à ne pas penser à la nourriture. Son entraîneur et ses coéquipiers ont un grand respect pour lui et pour sa foi, ils savent que de s’entrainer sans s’hydrater ni manger est difficile. Son dévouement pour sa religion et l’enracinement profond de sa foi ont permis à ses coéquipiers et son entraîneur de comprendre l'importance de sa foi.

Daneyal espère qu’Allah l'aidera durant ce mois de Ramadan, car cette année il aura à faire face à sept heures de pratiques durant les chaudes journées d'été. En bon frère il conseille les autres athlètes musulmans d’agir intelligemment pour leur propre bien-être. Il les encourage à se préparer par un auto-conditionnement. Par exemple, il prend du poids avant le mois de Ramadan afin de compenser la future perte occasionnée par la pratique intense et se prépare pour le mois de Ramadan spirituellement et physiquement. Il se prépare au jeûne du mois de Ramadan en effectuant le jeûne volontaire de certaines journées et en multipliant les bonnes actions tout comme le Prophète Mohammed () l’a fait.

Soulignant le bien-être spirituel de l'individu, il reconnaît que le jeûne est prioritaire par rapport à l'athlétisme, et que si un athlète est incapable de jeûner tout en s’entraînant, alors l’entraînement doit être diminué en intensité voire même abandonné. Daneyal est conscient des bienfaits du mois de Ramadan, car il lui permet de réveiller le meilleur de sa personne et d'apprécier les bénédictions qui lui sont données. Il lui rappelle aussi qu'il ne faut pas gaspiller et que l’on peut vivre avec moins. Le mois de Ramadan lui permet vraiment de reconnaître la vraie valeur de sa religion.
Daneyal dit que la dernière partie du hadith qudsî qui suit permet à lui et à beaucoup d’autre d’éprouver ce que l’on ressent lorsque l’on se trouve dans le sentier d'Allah : « Et s'il fait un pas vers moi, j’en fais dix pas vers lui. Et s'il vient à moi en marchant, je vais à lui en courant. »
Tout comme Daneyal, beaucoup d'autres musulmans sentent l'aide d'Allah, en trouvant miraculeusement dans leurs environnements non propices à leur pratique de quoi combler leurs besoins lorsqu’ils affirment la priorité de leur culte. A peine avons-nous décidé d’obéir à Allah et de nous conformer à ses prescriptions que nous trouvons devant nous l’aide nécessaire à accomplir cette réforme. Cette aide qui bien souvent nous parvient par des moyens dont nous n’avions pas imaginé la possibilité. Cette aide doit être vue comme un entraîneur qui nous soutient, nous encourage et nous motive dans nos efforts, un bonus de patience ou d'énergie pour lutter contre nos propres désirs, un nuage rafraichissant durant une chaude journée d'été ou simplement un sourire encourageant.

L’étudiante à l'université

Les Compagnons du Prophète () avait l’habitude de se préparer à accueillir le mois de Ramadan durant six mois, ils multipliaient les actes d’adoration et invoquer Allah en ces termes : « Ô Allah, bénis pour nous Rajab et Cha’ban et fais nous l'honneur d'assister à Ramadan ! »

Anam Ahmed, étudiante à l'université, se prépare pour le mois de Ramadan des semaines à l’avance, elle essaye de déconstruire les mauvaises habitudes qu'elle a mises en place durant les mois précédents. La première d’entre-elles est la perte de temps. L'utilisation d'internet est réduite à son minimum, quant aux heures perdues à écouter de la musique, regarder la télévision, elles sont éliminées. A l’apparition du croissant de lune du mois de Ramadan ses mauvaises habitudes ne font déjà plus partie des siennes. Ce nouveau mode de vie lui permet de plus se consacrer à l’adoration d’Allah.

Il n'est pas surprenant pour elle que l'une des conséquences de ce changement soit le fait qu’elle accomplisse plus de choses et ressente plus d'énergie au cours de ce mois. Même si être étudiant et jeûner peut s’avérer difficile, elle trouve au contraire la situation plus facile : « Le fait de manger et de boire prend du temps sur mon temps d’études. Et même s'il y a des moments où je sens que j'ai besoin d'énergie, au cours du mois de Ramadan je trouve plus de temps pour faire des choses qui sont plus gratifiantes que de me maquiller. »
Comme beaucoup d'autres étudiants musulmans en période de jeûne, Anam doit faire face à un obstacle parfois difficile, se concentrer durant les heures de classe. Anam signale que le plus souvent les professeurs sont informés par les étudiants eux-mêmes de cette situation. Ils sont généralement très respectueux et accommodants envers les devoirs religieux de ces derniers, ils sont indulgents face à leurs éventuelles absences et parfois même leur permettent d’accomplir leur prière dans leur bureau. Lorsque nous faisons preuve de sincérité, Allah nous donne toujours une issue favorable à toute difficulté. Lorsqu’Anam s’absente des cours, elle trouve toujours une camarade de classe prête à lui donner les cours manqués.

Au sein des écoles et des universités, leurs administrateurs sont généralement très respectueux. Certaines universités vont même jusqu’à organiser des iftars pour leurs étudiants. Dans un élan d'unité, les communautés musulmanes locales se réunissent souvent pour collecter de l'argent pour payer aux étudiants des iftars. Le mois est rempli de dons et de cadeaux à la fois. Ainsi, les étudiants musulmans au travers des associations d'étudiants musulmans donnent de leur temps à la communauté en faisant du bénévolat lors d’événements organisés comme par exemple des soupes populaires, du soutien scolaire, etc. Un dialogue se crée entre les différentes communautés, dialogue propice à une réconciliation entre les différentes composantes de la société.
 

Encourageons les jeunes autour de nous à s'efforcer de reprendre le contrôle de leurs âmes, non seulement en s’abstenant de manger et de boire, mais aussi en contrôlant leurs désirs et leurs obsessions du monde tant qu’il en est encore temps, car avec les années et l’accumulation des péchés les cœurs deviennent durs et il est alors trop tard.

Le but de contrôler, pour l’homme, ses désirs et ses besoins légitimes tels que manger, boire ou avoir des rapports charnels est de se rapprocher d'Allah. Rien ne contribue plus à cette lutte déterminante de l'homme que le jeûne.

« Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi et dans l’espoir de la récompense divine, il lui sera fait alors rémission de ses pêchés antérieurs. »
« Celui qui veille en prière les nuits de Ramadan avec foi et en espérant la récompense d'Allah, tous ses péchés antérieurs seront pardonnés »
« Celui qui passe laylat al-Qadr en prière avec foi et en cherchant la récompense d'Allah verra ses péchés passés pardonnés. »

C'est ce qu'a dit notre Prophète (Salla Allahou alayhi wa sallam). C’est une exhortation, un exemple, que nous ne pouvons manquer de suivre.
 

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