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Le califat de ‘Umar – II

Le  califat de ‘Umar – II

Après la défaite de Buwayb, les chefs perses enterrèrent leurs différends et mobilisèrent leurs forces pour servir le pays. Rustam et Fayrouz étaient les piliers de l'Etat, ils décidèrent de mettre fin à un violent différend qui les opposait dans l'intérêt de l'Empire perse.
Le couronnement de Yezdgird insuffla aussi de nouveaux espoirs à ceux qui étaient découragés par la situation de délabrement dans laquelle se trouvait l’Empire. Les provinces et villes sous contrôle musulman commencèrent à montrer des signes de rébellion. Les camps perses furent renforcés par l’arrivée de nouveaux soldats, les avant-postes militaires furent renforcés. De nombreuses régions sous contrôle musulman se révoltèrent et se levèrent pour soutenir les Perses.

Le Calife décide de diriger l'armée musulmane

‘Umar, puisse Allah être satisfait de lui, fut informé de ces nouveaux évènements durant le mois de Dhul-l-Qi'dah, à Médine. Il envoya à Muthanna ibn Harithata, puisse Allah être satisfait de lui, l’ordre de se replier avec ses troupes vers les frontières de l'Arabie. Il appela les tribus de Rabi'a et Mudhar, qui étaient dispersées à travers l'Irak, à quitter les zones menacées pour venir se regrouper près des frontières de l'Arabie et renforcer les lignes musulmanes. Il donna également l’ordre aux gouverneurs de rassembler et d’envoyer des guerriers pour combattre dans le sentier d'Allah.
Alors que la saison du pèlerinage arriva, ‘Umar, puisse Allah être satisfait de lui, partit à La Mecque. De retour de son pèlerinage, il trouva que les tribus arabes convergeaient vers Médine de toutes parts. La banlieue de Médine pullulait désormais de groupes de guerriers. Il confia le commandement de la division de l'avant-garde à Talhah et celui de l'aile droite à al-Zubayr, puisse Allah être satisfait d'eux, tandis que 'Abd al-Rahmân ibn ‘Awf, puisse Allah être satisfait de lui, fut nommé au commandement de l'aile gauche de l'armée. Quand l'armée fut organisée, il mit 'Ali en charge du califat, quitta Médine et s'avança vers la Perse. Au Sirar, la première halte fut ordonnée.

Le fait que le Calife lui-même était à la tête de l'armée remplit de confiance et d'enthousiasme les troupes. Toutefois, 'Uthmân ibn ‘Affân, puisse Allah être satisfait de lui, alla voir le Calife et lui suggéra qu’il n'était pas opportun de se rendre personnellement sur le champ de bataille. Suite à cet avis, ‘Umar, puisse Allah être satisfait de lui, réunit un conseil de guerre à Sirar afin de consulter ses compagnons. Tout le monde s’accorda à dire que l'expédition ne pouvait être couronnée de succès que s’il la conduisait lui-même.

A ceci, 'Abd al-Rahmân ibn 'Awf, puisse Allah être satisfait de lui, répondit : « Je désapprouve une telle suggestion. La présence du Calife sur le champ de bataille est trop risquée. Dans le cas où un commandant est tué au combat, le Calife peut faire ce qui est nécessaire pour maintenir la situation sous contrôle, mais s’il plait à Allah que le Calife lui-même soit éliminé, il sera alors extrêmement difficile de gérer les affaires. » 'Ali, puisse Allah être satisfait de lui, fut également appelé de Médine pour prendre part à cette réflexion cruciale. Lui et les autres compagnons apportèrent leur soutien à l’avis de ‘Abd al-Rahmân ibn 'Awf.

Le Calife décida de ne pas mener la campagne. Après une longue discussion pour savoir qui prendrait le commandement de l'armée musulmane, Sa'd ibn Abû Waqqâs, puisse Allah être satisfait de lui, fut nommé. Le conseil tout entier, y compris ‘Umar, puisse Allah être satisfait de lui, fut d'accord sur ce point.

La bataille de Qâdisiyya

Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, était à Siraf quand il reçut l’ordre du Calife lui enjoignant de se diriger vers Qâdisiyya. Il devait organiser lui-même ses troupes de façon à avoir les plaines de la Perse devant lui et les collines de l'Arabie derrière. De cette façon, il pourrait avancer en cas de victoire aussi loin qu'il le pourrait ou se réfugier en se repliant vers les collines en cas de défaite.

La nouvelle selon laquelle l'armée arabe campait dans Qâdisiyya et qu’elle avait ravagé les environs de l'Euphrate commençait à se diffuser dans la capitale perse. Le chef perse, Rustam, marcha jusqu'à Sabat où il fut rejoint par une grande majorité des forces du pays. En un laps de temps très court, l'armée perse compta près de 180 000 hommes. Cette armée n'était pas seulement bien équipée, elle était aussi motivée par une rage féroce envers les forces musulmanes.

Assuré de son armée équipée de la meilleure manière, Rustam marcha de Sabat jusqu’à Kouta où il campa. La distance séparant les Perses des armées musulmanes était maintenant infime. Des escadrons de petites tailles (des deux camps) firent des incursions pour prendre à l’autre camp leurs provisions.

Rustam ordonna les préparatifs pour une bataille décisive. Il ordonna de construire un pont sur le canal qui séparait les armées, il fut achevé dans un court délai. Rustam s’informa alors auprès de son homologue musulman quant à savoir qui devrait traverser le pont. Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, invita Rustam à le faire. Ainsi, la grande et forte armée perse traversa le pont et les lignes de bataille furent élaborées.
Rustam lança un assaut général sur les troupes musulmanes, sa stratégie consista à placer les éléphants en avant pour attaquer les rangs musulmans. La tribu Bujayla leur fit obstruction au prix de lourdes pertes. Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, qui observait la scène de bataille très minutieusement, renforça les Bujayla avec les Banû Asad qui montrèrent la plus grande virilité pour remplir ce devoir. Quand eux aussi montrèrent des signes de fatigue, les guerriers de Banû Kinda prirent le relais et infligèrent de lourdes pertes aux troupes perses, ces pertes furent si lourdes que les Perses furent forcés de battre en retraite. Compte tenu du recul constant, Rustam ordonna une attaque conjointe. Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, hurla le takbîr (Allahu Akbar - Allah est le plus grand) et toute l'armée musulmane se joignit à son takbîr déferlant sur les troupes perses. Il regarda la scène comme si deux océans ou montagnes entrèrent en collision. Lorsque les forces rivales furent au cœur de la bataille, les éléphants perses infligèrent de lourdes pertes du côté musulman. Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, ordonna immédiatement aux archers de lancer des flèches sur les éléphants et leurs cavaliers. ‘Asîm chargea les éléphants avec sa lance et fut suivi par d'autres, ils infligèrent de profondes blessures aux éléphants à coups de lances et d’épées. Les éléphants se retirèrent en laissant les guerriers musulmans faire la démonstration de leur bravoure. Le combat dura tout au long de la journée et la nuit vint l’interrompre jusqu'au jour suivant.

Après de violents combats qui durèrent trois jours, toutes les tribus se levèrent comme un seul homme pour charger avec force l'ennemi. Quand les cavaliers d'al-Qa'qâ arrivèrent près de Rustam, il descendit de son trône et se mit à se battre. Toutefois, après avoir été blessé, il prit la fuite. Mais Hilal ibn Ulafa le pourchassa et le frappa si violemment de sa lance que sa hanche fut brisée et il tomba dans un canal à proximité. Hilal descendit de cheval, le tira par les jambes et le mit à mort. Suite à cela, Hilal cria de sa position en direction du trône de Rustam : « Par Allah, j'ai tué Rustam. » Après avoir entendu cette annonce, les troupes musulmanes crièrent à l’unisson « Allahu Akbar » (Allah est le Plus Grand), les soldats perses restèrent choqués, sans réponse. Ils fuirent le champ de bataille. Sur les 30 000 cavaliers persans, seulement 30 survécurent. Environ 6000 musulmans furent honorés par le martyre en ces jours.

Conquête de la capitale perse

Après leur fuite de Qâdisiya, les Perses se réfugièrent à Babylone. Un grand nombre de généraux fraichement nommés se préparèrent pour un nouveau combat. Les fugitifs de la bataille de Qâdisiya furent également recueillis et encouragés à se venger de leur défaite.
Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, resta à Qâdisiya après la victoire des musulmans pendant environ deux mois. Il reçut de nouveaux ordres du Calife et marcha jusqu’à Madâ'in laissant sa famille à Qâdisiya.
Avec la nouvelle de l'arrivée de Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, les généraux perses quittèrent Babylone et emménagèrent à Madâ'in. Ahwaz et Nihawand détruisirent les ponts se trouvant sur leur route et rendirent ainsi la rivière le Tigre et ses canaux impossibles à traverser.
Une fois arrivé sur les berges de la rivière le Tigre, Sa’d, puisse Allah être satisfait de lui, ne trouva ni pont ni barque. Le lendemain, Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, monta sur son cheval et dit après avoir rassemblé et préparé ses troupes : « Qui parmi vous est assez courageux pour me protéger d'une attaque ennemie lorsque que je traverserai la rivière ? » ‘Asîm bin ‘Amr se manifesta et offrit ses services. Il s’engagea ensuite dans la traversée du Tigre. D'autres aussitôt lui emboîtèrent le pas et précipitèrent leurs chevaux dans la rivière. La rivière était profonde et le courant rapide, mais même ces conditions difficiles ne pouvaient affecter les esprits résolus de l'armée musulmane. Les vagues claquaient furieusement contre les flancs des chevaux, mais les cavaliers prirent leur route avec sérénité dans un ordre parfait. Lorsque la cavalerie fut de l'autre côté du fleuve, les archers perses commencèrent à tirer des flèches sur les troupes musulmanes, en vain. Les combattants musulmans traversèrent le fleuve en nombre et mirent à mort les forces perses.

Avec la nouvelle de la traversée du fleuve par les musulmans, Yezdgird quitta Madâ'in. Les troupes musulmanes entrèrent dans la ville utilisant différentes voies. Sa'd, puisse Allah être satisfait de lui, monta dans le Palais Blanc (palais royal) en récitant les versets :

« Que de jardins et de sources ils laissèrent [derrière eux]. Que de champs et de superbes résidences, que de délices au sein desquels ils réjouissaient. Il en fut ainsi et Nous fîmes qu'un autre peuple en hérita.» (Coran 44/25-28).

Il pria huit Rak’at en guise de remerciement pour cette victoire. Dans le palais de Kisra (Chosroês), un minbar fut érigé à la place du trône royal et la prière du vendredi effectuée. Ce fut la première prière du vendredi qui fut effectuée dans la capitale perse.

La chute de Madâ'in, la capitale perse, fut suivie par celle d'Ahwaz, Nahawand et Hamadan mais ceux-ci se révoltèrent après seulement quelques jours. Exaspéré par les incessantes révoltes dans les régions perses, ‘Umar, puisse Allah être satisfait de lui, ordonna par la suite une attaque générale qui aboutit à la victoire. Ainsi, les musulmans s’emparèrent de toutes les terres perses et l'Empire des Mages s’éteint.

A suivre…
 

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