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Le dialogue avec les non-musulmans dans la Sunna prophétique

Le dialogue avec les non-musulmans dans la Sunna prophétique

 

Le dialogue avec les non-musulmans dans la Sunna prophétique

 

 

Le dialogue est défini comme « un échange verbal entre deux parties ou plus, visant à corriger un propos, mettre en lumière un argument, attester une vérité, dissiper une ambiguïté ou réfuter une opinion erronée ». Cette définition est extraite de l’ouvrage Le dialogue et ses bienséances d’Ibn Humayd.

Le fondement du dialogue avec les non-musulmans

Le dialogue avec les non-musulmans est clairement établi dans les textes du Coran, à condition qu’il soit mené avec sagesse, bienveillance et délicatesse. Allah, exalté soit-Il, ordonne :

« Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure manière. » (Coran 16/125)

Commentant ce verset, Ibn Kathîr explique : « Il s'agit de dialoguer avec ceux qui en ont besoin, avec douceur et sagesse, en adoptant un discours bienveillant. »

Le dialogue avec les non-musulmans n’est donc pas seulement permis, il est recommandé. Et lorsque l’intérêt l’exige, il devient même obligatoire. Ibn Al-Qayyim écrit dans Zâd Al-Ma’âd :

« Il est permis de débattre avec les gens du Livre et de dialoguer avec eux, c’est même recommandé. Cela peut devenir un devoir si l’on espère, par ce dialogue, les orienter vers l’Islam ou leur présenter les preuves de la Révélation. Seules les personnes dépourvues de la capacité à présenter ces preuves sont exemptées de cette obligation. »

De même, Ibn Hajar affirme dans Fath Al-Bârî, à propos de la délégation de Najrân :

« Ce hadith démontre qu’il est permis de débattre avec les gens du Livre, et que cela devient un devoir lorsque la situation l’impose. »

Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya, quant à lui, souligne dans Dar Ta’ârud al-Naql wa al-‘Aql :

« Celui qui refuse de débattre avec les athées et les hérétiques afin de réfuter leurs arguments n’aura ni défendu l’Islam comme il se doit, ni été fidèle à ce qu’implique la science et la foi. Il ne soulagera pas les cœurs, ne rassurera pas les âmes, et ne contribuera pas au progrès du savoir ni au renforcement de la foi. »

Illustrations du dialogue prophétique avec les non-musulmans

A. Le dialogue avec la délégation chrétienne de Najrân

Selon plusieurs récits, une délégation chrétienne de Najrân se rendit auprès du Prophète (). Il leur répondit avec courtoisie à leur salut, les interrogea et répondit à leurs questions. Leurs échanges se poursuivirent jusqu’à ce qu’ils l’interrogent au sujet de Jésus (‘alayhi as-salâm) :

« Que dis-tu de Jésus ? Nous allons retourner parmi les nôtres et il nous importe de connaître ton opinion si tu es un prophète. »

Le Prophète () répondit :

« Je n’ai encore rien reçu à son sujet aujourd’hui. Restez jusqu’à demain et je vous informerai de ce qu’il m’aura été révélé. »

Le lendemain, il récita les versets suivants :

« Pour Allah, Jésus est comme Adam : Il le créa de poussière, puis Il lui dit : "Sois", et il fut. La vérité vient de ton Seigneur. Ne sois donc pas parmi les sceptiques. À ceux qui te contredisent à son sujet, après ce que tu en sais, dis : "Venez ! Appelons nos fils et les vôtres, nos femmes et les vôtres, nous-mêmes et vous-mêmes, puis invoquons Allah pour qu’Il maudisse les menteurs." » (Coran 3/59 à 61)

Ce récit a été rapporté par Ibn Kathîr dans son exégèse, ainsi que par Ibn Hishâm dans sa Sîra.

B. Le dialogue avec les chrétiens d’Abyssinie

Selon Al-Bayhaqî dans Dalâ’il al-Nubuwwa, à l’annonce de la mission prophétique, une vingtaine de chrétiens d’Abyssinie vinrent à La Mecque. Ils questionnèrent le Prophète (), qui leur répondit avec clarté et leur récita des versets coraniques. Émus, ils versèrent des larmes et embrassèrent la foi, reconnaissant en lui le prophète décrit dans leurs Écritures. Face à la réaction virulente d’Abou Jahl, ils répondirent avec sagesse :

« Paix sur vous. Nous ne sommes pas venus pour débattre avec vous. À vous vos actes, à nous les nôtres. Nous ne renoncerons pas à un bien pour vous complaire. »

C. Le dialogue avec ‘Addâs, le chrétien de Ninive

Lors de son retour de Tâ’îf, le Prophète () se réfugia dans un verger appartenant à deux notables mecquois. Émus par son état, ils lui envoyèrent un serviteur nommé ‘Addâs, chrétien originaire de Ninive, avec une grappe de raisin. Le Prophète dit : « Bismillah », ce qui étonna le jeune homme. S’ensuivit ce dialogue :

— D’où viens-tu ?
— De Ninive.
— La terre du pieux Yûnus ibn Mattâ ?
— Comment le connais-tu ?
— Il était un prophète, et moi aussi je suis un prophète.

Touché, ‘Addâs embrassa le Prophète (). À ceux qui le réprimandèrent, il répondit :

« Il n’y a pas sur terre un homme meilleur que lui ! »

D. Le dialogue avec les juifs de Médine

Au début de son installation à Médine, le Prophète () recommanda la prudence dans les échanges avec les juifs. Ceux-ci lisaient la Torah et pouvaient transmettre des vérités comme des contre-vérités. C’est pourquoi il avertit ses compagnons de ne pas les interroger, comme l’indique ce chapitre du Sahîh de Boukhari : « Ne posez pas de questions aux gens du Livre. »

Dans un hadith rapporté par Ahmad, le Prophète () dit :

« Ne les interrogez pas. Ils ne sont pas sur la bonne voie. Si vous croyez en ce qu’ils disent de faux, vous vous égarerez. Et si vous niez une vérité, vous commettrez un tort. Si Moïse était vivant, il ne pourrait que me suivre. »

Malgré cela, le Prophète () dialogua avec eux dans l’espoir de les guider. Après la conquête de Khaybar, un mouton empoisonné lui fut offert. Il convoqua alors les juifs et leur demanda :
— « Avez-vous mis du poison dans ce mouton ? »
— « Oui », répondirent-ils.
— « Pourquoi ? »
— « Si tu es un menteur, cela nous permettra de nous de débarrasser de toi ; si tu es un prophète, cela ne t’affectera pas. »

Enfin, lorsqu’ils l’interrogèrent sur l’âme, il ne répondit pas immédiatement. Puis, après la révélation, il récita :

« Ils t’interrogent au sujet de l’âme. Dis : "L’âme relève de l’ordre de mon Seigneur." Et vous n’avez reçu que peu de science. » (Coran 17/85)

Conclusion

 

Le dialogue prophétique fut toujours empreint de sagesse, de respect et de bienveillance, sans jamais renier la vérité ni céder sur les fondements de la foi. Il demeure, aujourd’hui encore, un modèle intemporel pour quiconque cherche à transmettre la vérité avec justesse et éthique.

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