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L'invocation pour la délivrance face aux oppresseurs

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L'invocation pour la délivrance face aux oppresseurs

 

 

 

 

La délivrance du joug de l'injustice et des oppresseurs est une immense grâce d'Allah, exalté soit-Il, un honneur et une faveur accordés à Ses serviteurs. Il incombe au serviteur de ressentir la valeur de cette bénédiction et de recourir constamment à Allah, exalté soit-Il, en multipliant les invocations afin qu'Il le préserve des injustes et ne leur donne aucune autorité sur lui.

De nombreux versets du Noble Coran rapportent des invocations dont le but est d’apporter la délivrance face aux oppresseurs. Moussa (Moïse), Alaihi Salam (), a invoqué son Seigneur pour être délivré de Pharaon et de son peuple en disant : « Seigneur, sauve-moi de [ce] peuple injuste ! » (Coran 28/21). Dans cette invocation, Moussa se tourne vers la Seigneurie d’Allah, exalté soit-Il, implorant Son soutien, Sa sagesse, la réforme, Sa gestion de toute chose et l’exaucement de ses prières. Il Lui demande de le libérer de ces oppresseurs et de ces mécréants, ce qui signifie : « Ô Seigneur, délivre-moi et libère-moi de ce peuple mécréant, qui se montre injuste envers lui-même par sa mécréance en Toi ». Par cette mention de l’injustice, il met en lumière la laideur de ce trait et de ceux qui s’y adonnent.

En réponse, Allah, exalté soit-Il, exauce l'invocation de Son Prophète et le délivre de l’injustice, conformément à Sa promesse envers Ses Prophètes et Ses bien-aimés qui cherchent refuge auprès de Lui en toutes circonstances, face aux épreuves, dangers et périls, comme le mentionne le verset : « Ensuite, Nous délivrerons Nos messagers et les croyants. C'est ainsi qu'il Nous incombe [en toute justice] de délivrer les croyants » (Coran 10/103).

Le bienfait en est immense, et lorsque Moussa, Alaihi Salam, rencontra le vieil homme pieux à Madyan et lui raconta les événements avec le Copt, son évasion de Pharaon et son arrivée à Madyan, celui-ci lui dit alors : « N'aie aucune crainte : tu as échappé aux gens injustes » (Coran 28/25), soulignant la délivrance précieuse de Moussa.

Parmi ces versets, il y a également la parole d’Allah, exalté soit-Il : « Dis : Seigneur, si jamais Tu me montres ce qui leur est promis ; alors, Seigneur, ne me place pas parmi les gens injustes » (Coran 23/93-94). L’imam Ibn Kathîr, qu’Allah lui fasse miséricorde, a commenté ce verset en disant : « Allah, exalté soit-Il, ordonne à Son Prophète Mohammed () d’adresser cette prière lorsque la calamité s’abat : ‘‘Seigneur, si jamais Tu me montres ce qui leur est promis’’. Comme le mentionne le hadith rapporté par Ahmad et al-Tirmidhi, qui l’a authentifié : ‘‘Et si Tu destines à un peuple une épreuve, reprends-moi auprès de Toi sans que je sois éprouvé’’ ».

Et parmi cela, il y a la parole d'Allah, exalté soit-Il, dans la sourate Al-Muminune (Les Croyants) : « Nous lui révélâmes : Construis l'arche sous Nos yeux et selon Notre révélation. Et quand Notre commandement viendra et que le four bouillonnera, achemine là-dedans un couple de chaque espèce, ainsi que ta famille, sauf ceux d'entre eux contre qui la parole a déjà été prononcée ; et ne t'adresse pas à Moi au sujet des injustes, car ils seront fatalement noyés. Et lorsque tu seras installé, toi et ceux qui sont avec toi, dans l'arche, dis : Louange à Allah qui nous a sauvés du peuple des injustes » (Coran 23/27-28).

Voici maintenant le Prophète Luṭ (Lot), Alaihi Salam, dont Allah, exalté soit-Il, nous relate l’histoire. Il dit : « Le peuple de Lot traita de menteurs les Messagers, quand leur frère Lot leur dit : "Ne craindrez-vous pas [Allah] ? Je suis pour vous un messager digne de confiance. Craignez Allah donc et obéissez-moi. Je ne vous demande pas de salaire pour cela ; mon salaire n'incombe qu'au Seigneur de l'univers. Accomplissez-vous l'acte charnel avec les mâles de ce monde ? Et délaissez-vous les épouses que votre Seigneur a créées pour vous ? Mais vous n'êtes que des gens transgresseurs." Ils dirent : "Si tu ne cesses pas, Lot, tu seras certainement du nombre des expulsés." Il dit : "Je déteste vraiment ce que vous faites. Seigneur, sauve-moi ainsi que ma famille de ce qu'ils font." Nous le sauvâmes alors, lui et toute sa famille, sauf une vieille qui fut parmi les exterminés. Puis Nous détruisîmes les autres ; et Nous fîmes pleuvoir sur eux une pluie (de pierres). Et quelle pluie fatale pour ceux qui sont avertis ! » (Coran 26/160-173).

Quant au peuple de ʻÂd, après qu’Allah, exalté soit-Il, leur eut envoyé leur prophète Hûd, Alaihi Salam, pour les appeler vers Allah, il fut traité de menteur. Hûd fit alors cette invocation contre eux : « Il dit : Seigneur ! Apporte-moi secours parce qu'ils me traitent de menteur. [Allah] dit : Oui, bientôt ils en viendront aux regrets. Le cri, donc, les saisit en toute justice ; puis Nous les rendîmes semblables à des débris emportés par le torrent. Que disparaissent à jamais les injustes ! » (Coran 23/39-41).

Demander à Allah la délivrance des oppresseurs, comme le firent les prophètes, est aussi une invocation prisée des croyants. Allah, exalté soit-Il, nous rapporte également celle de ’Âssiyah, l'épouse croyante de Pharaon, lorsqu’elle demanda : « et sauve-moi de Fir'awn (Pharaon) et de son œuvre ; et sauve-moi des gens injustes » (Coran 66/11). Elle s’adressa ainsi à Allah, le Très-Haut, pour demander sa délivrance face à Pharaon, le tyran qui prétendait être le seigneur des hommes, puis elle généralisa sa demande en sollicitant d’être sauvée de toute personne caractérisée par cette injustice qu’Allah, exalté soit-Il, a proscrite pour Lui-même et pour Ses serviteurs.

Le Prophète, , invoquait lui aussi Allah, exalté soit-Il, pour être secouru contre les injustes. Jâbir (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte : « Le Messager d’Allah disait : ‘‘Ô Allah ! Fais-moi jouir de mon ouïe et de ma vue et que tous les deux restent fonctionnels jusqu'à ma mort, accorde-moi la victoire contre celui qui m’opprime, et montre-moi ma revanche contre lui’’ » (Boukhari dans Al-Adab al-Mufrad).

D'après Ibn ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père), le Prophète, , quittait rarement une assemblée sans faire cette invocation pour lui et ses compagnons : « Ô Allah, accorde-nous de Ta crainte ce qui s’interposera entre nous et la désobéissance à Ton ordre, […] venge-nous contre celui qui nous fait subir l'injustice, viens à notre secours contre celui qui nous opprime […]. » (Tirmidhi).

Lors de la bataille de Badr, le Prophète, , invoqua Allah avec insistance pour obtenir Son Secours en disant : « Ô Allah, si cette troupe de musulmans périt, Tu ne seras plus adoré sur Terre » (Mouslim).

Selon Abou Sa‘îd al-Khudri (qu’Allah soit satisfait de lui), pendant la bataille d’al-Khandaq (le fossé), les compagnons demandèrent : « Ô Messager d’Allah, y a-t-il quelque chose que nous devrions dire, car nos cœurs sont montés à nos gorges (par la peur) ? » Il répondit : « Oui, dites : Ô Allah, couvre nos défauts et apaise notre peur ». Allah, exalté soit-Il, repoussa alors les ennemis en envoyant contre eux un vent terrible qui les mit en déroute » (Ahmad).

Notre discours sur l'invocation comme étant l'une des plus grandes causes de salut face aux injustes n'est pas un appel à délaisser les autres moyens de salut, parmi lesquels, lorsque l'on en a la capacité, se trouve l'affrontement de l'oppresseur et la prise en main de ses actions. C'est plutôt un rappel qui met en relief une arme essentielle dont beaucoup négligent l'importance, bien que le Prophète, , ait informé qu'Allah, exalté soit-Il, soutient l'invocation de l'opprimé, même si son accomplissement se réalise après un certain laps de temps, et qu'Allah, exalté soit-Il, « l'élève au-dessus des nuages ».

La miséricorde d’Allah, exalté soit-Il, envers les faibles et les opprimés se manifeste par le fait qu’Il ne leur impose pas plus que ce qu’ils peuvent supporter, mais exige d’eux qu’ils fassent de leur mieux. Lorsqu’Il demanda aux croyants de préparer la force pour affronter leurs ennemis, Il dit : « Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force » (Coran 8/60). De même, Il dit : « Craignez Allah, donc autant que vous pouvez » (Coran 64/16). Ainsi, chaque ordre est conditionné par la capacité de l’individu et non par ce qui dépasse ses moyens, comme le rappelle le verset : « Allah n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité ».

Quand le serviteur est impuissant et que les moyens de confrontation lui sont inaccessibles, alors le salut est une victoire et un bienfait. Lors de la bataille de Muʼtah, le Prophète, , annonça la mort de Zayd, de Ja‘far et d'Ibn Rawâhah avant même que la nouvelle ne parvienne aux gens. Il dit : « Zayd a pris l'étendard jusqu'à ce qu'il soit tué. Puis Jaʻfar l'a pris jusqu'à ce qu'il soit tué. Ensuite, Ibn Rawâhah a porté l'étendard et a été tué à son tour », ses yeux étant remplis de larmes. « Ensuite, il a été pris par un homme qui est un des sabres d’Allah, et il s'est battu jusqu'à ce qu’Allah leur accorde le succès ». Le Prophète, , considéra donc le retrait de Khâlid Ibn al-Walîd (qu’Allah soit satisfait de lui) avec l'armée et le salut des musulmans comme une victoire.

Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous accorder délivrance, sécurité et santé dans ce monde et dans l'au-delà et notre dernière invocation est : Louange à Allah, Seigneur de l'Univers.

 

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