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Nourrir les autres : un chemin vers la piété

Nourrir les autres : un chemin vers la piété


« Ô les croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété » (Coran 2/183).

Le Ramadan est là. Nous avons essayé de voir dans différents articles comment faire pour rendre ce mois de Ramadan bénéfique. Nous avons vu comme s’alimenter correctement et surtout de manière équilibrée.

Aujourd’hui notre attention se portera sur un point tout aussi important, toujours en relation avec l’alimentation. Nous ne parlerons pas de notre alimentation, mais de celle des autres et plus spécialement de celle de ceux qui sont dans le besoin. N’oublions pas que nourrir les autres nourrit nos âmes. Le mois de Ramadan est avant tout l’occasion de nourrir nos âmes, de les purifier et de se rapprocher d’Allah le Très-Haut. Une partie des objectifs du jeûne est de ressentir la faim et la soif afin de se rappeler à quel point est éprouvante la vie de ceux qui n’ont pas de quoi s’alimenter correctement et de se rappeler les bienfaits de Notre Seigneur qui pourvoit à nos besoins. Cette réflexion peut conduire à ressentir de la compassion et celle-ci amener une bonne action. Cette bonne action pour nous sera de se sentir impliquer dans le combat que mènent chaque jour des millions de personnes. Selon les chiffres des Nations Unies près d'un milliard de personnes luttent contre la faim.

Nous pouvons blâmer tout et n’importe qui, des gouvernements corrompus aux classes sociales aisées en passant par cette société devenue si matérialiste et consumériste, mais la première personne qu’il nous faut blâmer n’est autre que nous. Un peu d’honnêteté nous est nécessaire pour regarder en face cette réalité, quels sont les efforts que nous faisons au quotidien dans cette lutte ? Savons-nous qui parmi nos voisins ou nos proches est dans le besoin ? Avons-nous réellement conscience que la pauvreté ne concerne pas seulement celui qui fait la manche à la sortie d’une bouche de métro, mais qu'elle est aussi la réalité de celui qui a perdu son travail et qui souffre en silence, et là nous parlons de pays dit économiquement développés, qu’en est-il des pays dans lesquels aucune aide n’est assurée par le gouvernement ? Que pouvons-nous faire pour notre communauté ?
Essayons maintenant d’explorer concrètement les différentes pistes qui s’offrent à nous. N’oublions pas que d’aider les autres est avant tout une manière de s’aider soi-même.

Organiser des iftâr-s

Durant le mois de Ramadan, dans beaucoup de mosquées et autres centres religieux les membres de la communauté musulmane organisent des iftâr-s en commun et se réunissent pour rompre leur jeûne. Ceci est sûrement la voie la plus simple de partager notre nourriture avec les membres de la communauté des plus nécessiteux. Cette voie est une aumône qui n’est pas étiquetée en tant que telle, ainsi le pauvre ne se sent pas gêné, personne ne sait qui est le pauvre et qui est le riche.

Nous pouvons nous engager de différentes manières dans l’organisation de ces ruptures de jeûne, selon notre envie, notre temps et nos moyens financiers. Par exemple nous pouvons venir assister à ce repas et aider les gens à distribuer la nourriture au moment de la rupture du jeûne. Nous pouvons aussi aider à nettoyer les lieux après que tous soient partis ou encore si Dieu nous le permet, nous pouvons être celui qui est à l’origine de cette démarche, organiser tout de A à Z, planifier le lieu, le jour, l’endroit où sera donné le repas et quelle sera la nourriture distribuée. Si Allah nous le permet nous pouvons être aussi celui qui paie pour toutes les dépenses liées à l’organisation de cet événement.


Être bénévole

Pour des raisons que nous n’aborderons pas ici, l’économie globale est en pleine crise, de plus en plus de gens perdent leur emploi et leur maison, ils se trouvent alors à la rue sans avoir de quoi se nourrir ni eux ni leur famille. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, entre 100 et 150 millions de personnes se trouvent en voie de paupérisation à cause de la récente crise économique.

Ces personnes ne se tournent pas seulement vers les banques alimentaires pour aider à subvenir aux besoins de leur famille, elles vont aussi s'alimenter dans des lieux où sont distribués gratuitement des repas, comme la soupe populaire. Nous rappelons ici qu’un des objectifs du jeûne du mois de Ramadan est de se rappeler ce que signifie être pauvre, avoir faim et ainsi remercier Notre Seigneur pour tous les biens dont Il nous a fait grâce.

En allant distribuer de la nourriture aux plus pauvres durant ce mois béni, nous serons au contact de la réalité de ce monde et nous pourrons observer le véritable visage de la pauvreté et de ses effets sur l’homme. En tant que musulman il est plus qu’un devoir d’aider nos frères en religion, mais rappelons qu’il est aussi notre devoir d’aider le pauvre de manière générale, qu’il soit musulman ou non. En faisant cela nous accomplirons certes une action méritoire auprès d’Allah, mais nous participerons aussi au travail de propagation des véritables valeurs de l’Islam !

Faire des dons

La plupart d’entre nous avons par la grâce d’Allah un travail et parmi les plus jeunes certains reçoivent de l’argent de poche de leurs parents. Donner en aumône est essentiel durant le mois de Ramadan, c’est aussi une porte pour augmenter notre récompense auprès d’Allah. Prenons la moitié de notre paie et donnons la aux organismes de charité islamique comme Qatar Charity ou Eid Charity, mais si nous ne pouvons le faire alors des organismes comme Action contre la faim, le programme d’alimentation mondial des nations unies, etc. ferons tout autant l’affaire. Si nous ne pouvons donner la moitié, donnons le tiers et si nous ne pouvons le tiers, donnons le quart. Même un euro donné aura sa récompense auprès d’Allah et aidera une personne dans le besoin. Il faut savoir, par exemple, qu’un kilo de riz au Pakistan coûte moins d’un euro et suffit à nourrir une famille durant une journée.

Finissons nos plats

Un serveur de restaurant rappelait dans un journal la quantité de nourriture gaspillée quotidiennement dans nos sociétés. Ceci est un bon rappel pour nous tous, au lieu de gaspiller toute cette nourriture il serait intéressant de calculer précisément ce dont nous avons besoin pour nourrir nos familles, ensuite nous pouvons faire la comparaison avec ce que nous dépensons réellement, la différence est certainement importante. Ayant fait ce constat il nous revient d’entreprendre cet effort : acheter seulement ce qui nous est nécessaire et ainsi faire des économies que nous pouvons alors donner à ceux qui sont dans le besoin. Une pierre deux coups en somme : cesser le gaspillage de nourriture et aider les pauvres.

Nous avons l’habitude de nous préparer ou de commander des plats que nous ne finissons jamais. L’hygiène nous recommande de nous débarrassez de la nourriture non consommée. Quelle est la solution ? Tout simplement arrêtons d’avoir les yeux plus gros que le ventre ! L’Islam nous recommande de ne pas remplir entièrement notre estomac. Le Prophète nous rappelle que l’être humain ne remplit pas de récipient pire que son estomac et qu’il n’a guère besoin de plus de quelques bouchées qui le maintiennent en vie. S’il veut absolument manger davantage, alors qu’il consacre un tiers de son estomac à sa nourriture, un tiers à sa boisson et un tiers à son souffle. (Tirmidhî et Ibn Majeh)

Il est certes plus facile de donner des conseils que de les suivre. Puisse Allah accepter nos efforts et nos œuvres accomplis pour lui. Le Prophète () a dit : « Celui qui assure à un jeûneur de quoi rompre son jeûne aura la même récompense que lui sans que cela diminue en rien la récompense de ce dernier. » [Tirmithî].

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