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Le concept de « Tawâtur »

Le concept de « Tawâtur »

Le concept de « Tawâtur »

La première chose à considérer, quand un rapport nous parvient, est de savoir comment il nous est parvenu. Est-ce par le biais d’un « Tawâtur » ou par le biais d’un « Ahad » ?

« Tawâtur », dans la langue arabe, vient de la racine trilittérale wâ • ta’ • ra’, représentée en français par les lettres « w », « t », « r ». Certains mots, dérivés de cette racine, ont les significations de « consécutivité », de « succession rapide » ou d’« abondance » intimement liées à leur sens, d'une manière ou d'une autre. Par exemple, Allah, le Très-Haut, dit (selon la traduction du sens du verset) : « Ensuite, Nous envoyâmes Nos messagers Tatrâ […] » (Coran 23/44) Le mot arabe « Tatrâ » (dérivé de la racine w-t-r) signifie : l'un après l'autre, successivement. D'ailleurs, dans un grand poème, Labîd ibn Rabî'a décrit les gouttes de pluie descendant en « succession rapide », trempant la fourrure d'une biche, en utilisant le mot « Mutawâtir » (aussi dérivé de la racine w-t-r).

Phonétiquement (et même visuellement lorsque les sons sont écrits en lettres de l’alphabet latin), ce mot sonne comme sa signification : « Watara, Watara, Watara... » [En entendant ce son] on peut s’imaginer le bruit des gouttes de pluie claquant contre une vitre, une goutte après l'autre.

Dans la terminologie des spécialistes des hadiths, « Tawâtur » signifie la transmission d’une narration ou d’un texte religieux par un groupe de narrateurs à groupe de narrateurs, génération après génération et ainsi de suite. L’ensemble de ces narrateurs sont tous des gens dignes de confiance et il est absolument impossible qu’ils se soient entendus sur un mensonge. La relation entre le sens terminologique et le sens linguistique est que ce qui est « Mutawâtir » est rapporté d‘une personne à l'autre, de manière successive, comme si les gens étaient des gouttes de pluie tombant les unes après les autres pendant une averse.

Prenons l'exemple du grand tsunami de l'océan Indien qui a frappé l'Asie et l'Afrique le 26 décembre 2004. La majorité des lecteurs de cet article n'étaient pas des témoins oculaires de ce qui s’est réellement passé, à ce moment-là. On ne peut pas non plus compter sur ce qui a été vu à la télévision pour prouver que cela s'est produit, car nous savons tous que la technologie cinématographique est éminemment capable de produire des images, qu'elles soient exactes ou fausses.

Même si nous excluons la possibilité que les images aient été falsifiées, le rapport que nous avons reçu était que le tsunami a frappé toute la côte de l'océan Indien, de l'Asie et de l'Afrique, alors que les images que nous avons vues n'en couvraient qu'une infime partie. Que diriez-vous si je vous disais que le tsunami ne s'est jamais produit et que la nouvelle était le fruit d’une conspiration ? Vous rejetteriez ce que j'ai dit sans même faire une enquête et vous auriez raison de le faire, car il serait irrationnel de penser que des millions de personnes, ayant été témoins du tsunami, conspireraient pour inventer un tel mensonge. Même si vous n'avez probablement pas été témoin oculaire du tsunami, vous pouvez être sûr à 100 % que cela s'est produit. Ceci est un exemple de rapport « Mutawâtir ».

Trois conditions doivent être remplies pour qu'un rapport soit « Mutawâtir » :

1. Un nombre exceptionnellement grand de gens a transmis le rapport. Il n'y a pas de nombre spécifique constituant un « grand nombre ». [Ce nombre] est plutôt défini par l'impossibilité d’une conspiration ou d’une erreur collective ;

2. Il y a un grand nombre de narrateurs à tous les maillons de la chaine de narration ;

3. Le rapport, lui-même, concerne quelque chose de tangible et d’observable : « Nous avons vu », « nous avons entendu », « nous avons senti », etc. L’affirmation, par exemple, que l’Univers a débuté avec le Big Bang (le Grand fracas) ne peut être considérée comme un rapport « Mutawâtir », car il s’agit d’une théorie, quelque chose que personne d’entre nous n’a été capable de voir. Cependant, cela ne veut pas dire que le Big Bang est faux. Cela veut uniquement dire que ce n’est pas un rapport « Mutawâtir ».

Les deux catégories de rapports « Mutawâtir »

La première catégorie de ces rapports est rapportée, mot pour mot, comme dans l’affirmation suivante du Prophète () : « Que celui qui ment, intentionnellement, à propos de moi attende sa place en Enfer. »

Plus de 70 compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, qui ont effectivement entendu ces paroles du Prophète () les ont rapportées. Ensuite, le nombre de rapporteurs augmente à chaque maillon de la chaine de narration, de génération en génération.

La deuxième catégorie de rapports « Mutawâtir » comporte les hadiths dont la signification est transmise par « Tawâtur », mais ceux-ci ne rapportent pas des paroles mot pour mot. Par exemple, les hadiths qui rapportent que le Prophète () avait l'habitude de lever les mains lorsqu’il faisait des invocations. Cela a été rapporté dans environ 100 hadiths. Ceux-ci comportent des variations, mais ils font tous l'observation empirique que le Prophète () avait l’habitude de lever ses mains lorsqu’il faisait des invocations.

Il existe un nombre important de rapports « Mutawâtir », mais la majorité des hadiths est composée de rapports « Ahad », c’est-à-dire tout ce qui n'entre pas dans la catégorie de « Tawâtur ».

Le Alem, Jamal al-Dîn Al-Sayûti et d'autres ont compilé ces rapports « Mutawâtir » dans leurs propres livres pour pouvoir s’y référer aisément.

C'est l'idée générale du concept de « Tawâtur ».

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