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L'avortement est-il autorisé dans certains cas ?

Question

Salem alikoum,
Je voudrais savoir,
quand vous répondez à des questions d’internautes s’agit-il de ce que vous pensez
ou recherchez-vous par rapport aux lois islamiques, car il ne faut pas égarer
les gens en leur disant ce qu’ils veulent entendre. Je vous pose cette question,
car j’ai lu que vous avez dit à une femme qui avait commis la fornication qu’elle
pouvait avorter, car elle avait peur de sa famille et de leur réaction. Vous avez
dit que certains l’autorisent dans le cas de la fornication. Moi, j’ai toujours
lu que ce n'est autorisé qu’en cas de danger pour la santé de la femme et que
quatre médecins musulmans devaient le confirmer. Elle devrait assumer son erreur
et se repentir. De plus, on ne sait jamais qu’approximativement depuis combien
de temps on est enceinte alors comment savoir exactement quand l'âme est insufflée
et Allah est plus savant ? Merci.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous préserver de tromper les gens ou d'être complaisants envers eux dans tout ce qui se rapporte à la religion ou aux lois d'Allah, exalté soit-Il. Nous vous conseillons de ne pas être suspicieux à l'égard de vos frères musulmans.

Concernant la fatwa mentionnée dans votre question, qui portait le numéro 207016, nous y avions rapporté les avis divergents des oulémas au sujet de l’avortement et y avions expliqué que notre avis est que l'avortement est totalement interdit. Cependant, cela ne nous empêche pas d’opter pour un autre avis reconnu par les oulémas pour certains cas particuliers comme celui de cette femme qui posait la question. Et il ne s’agit aucunement de choisir une facilité pour satisfaire les passions. Al-Subkîi, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : « Il est permis à l’ignorant de suivre aveuglément un savant ; tout comme il est permis de choisir l’avis de savants penchant pour une facilité ou une dérogation en cas d’extrême nécessité sans qu’il ne s'agisse de rechercher et d’opter constamment pour les facilités » (Al-Ibhâdj fî charh manhâdj al-Wusûl ilâ ‘ilm al-Usûl).

C’est ce que nous avons voulu dire dans la fatwa en question. Nous avons dit : « Toutefois, si vous ne pouvez supporter les conséquences de votre éventuelle grossesse, il n'y a pas de mal à ce que vous preniez en considérarion l'avis de ceux qui autorisent l'avortement avant l'insuflation de l'âme dans l'embryon, sutout que certains Malikites et Chafi'ites l'ont autorisé si la grossesse est due à la fornication et que la femme craint pour sa vie. »

Ainsi apparaît la différence entre une fatwa générale et le jugement d’un cas particulier prenant en considération l'existence de plusieurs avis parmi les savants et évitant de réduire la marge de manœuvre des musulmans. Le comité des grands savants affirme dans l'une de ses décisions que : « si la grossesse est dans sa phase initiale – c’est-à-dire dans les quarante premiers jours – et s'il y a un intérêt légal à avorter ou si l'avortement permet d'éviter un domage attendu alors, l’avortement est permis. »

Concernant l’impossibilité de connaître avec précision le stade de la grossesse, sachez que lorsqu'on calcule l'âge du foetus on sait préalablement qu'il y a une marge d'erreur mais cela ne signifie pas qu’il est impossible de savoir si le fœtus a dépassé les quarante ou cent-vingt jours. Il suffit de se référer à l’estimation la plus basse ou au nombre de jours de grossesse dont on est certain et de prévoir une marge d’erreur. Par exemple, le fœtus dont l'âge est estimé à six ou sept semaines à sans aucun doute dépassé les quarante jours.

Tout ceci en prenant en considération le fait que les savants divergent sur le moment où l'âme est insufflée dans le fœtus et la majorité d'entre eux est d’avis que l'âme est insufflée après cent-vingt jours. Al-Hâfizh ibn Hadjar a rapporté la parole d’Alî ibn al-Muhadhab al-Hamawî al-Tabîb qui dit : « Les savants sont unanimes sur le fait que l’insufflation de l’âme n'a lieu qu’après quatre mois (après le début de la grossesse) » (Fath al-Bârî)

Enfin, nous attirons votre attention sur l'erreur de dire que l’avortement est illicite sauf si quatre médecins musulmans affirment que la poursuite de la grossesse met en danger la santé de la femme »

L'avis de quatre médecins n'est pas obligatoire et l’avortement en lui-même est sujet à des divergences entre les savants. Certains sont d’avis qu'il est interdit même si cela conduit à la mort de la mère. Cheikh ibn ‘Uthaymîn, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « L’avortement est illicite même si les médecins affirment que la mère va mourir si elle n'avorte pas » (Charh al-Arba’în al-Nawawî)

Il justifie son avis par le fait qu’il est interdit de tuer un être vivant pour sauver la vie d’un autre et par le fait que si on provoque l’avortement et que le fœtus meurt, c’est nous qui l’avons tué alors que si on ne provoque pas l’avortement et que la mère et le fœtus meurent, cela n’est pas le résultat de notre acte.

L’avis prépondérant est toutefois la permission d’avorter lorsqu’il y a un réel danger pour la vie de la mère, mais le témoignage de quatre médecins n'est pas une condition. Et cela ne concerne que le fœtus dans lequel une âme a été insufflée. Avant cette étape, la question fait l’objet d’une divergence que nous avons mentionné dans la fatwa précédente.

Et Allah sait mieux.

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