Est-il permis d’envoyer un exemplaire du Coran par l’intermédiaire d’une société de transport de colis ? En effet, ces sociétés empilent les colis les uns sur les autres, et j’ai vu l’une d’elles jeter les colis pour les trier avant expédition. Est-il valable de ne pas vérifier les conditions de transport, en se contentant d’apposer un avertissement indiquant que ce carton contient un exemplaire du Coran ? Et si ce dernier est maltraité ou déposé d’une manière inconvenante, est-ce uniquement le transporteur qui porte la responsabilité ?
Les livres de hadith, de tafsîr (exégèse) et autres ouvrages religieux sont-ils soumis au même jugement que l’envoi du Coran ?
Est-il permis à un employé de la société de transport de toucher le Coran sans être en état de pureté rituelle, pour vérifier par exemple qu’il ne contient aucun objet interdit ? Le port de gants est-il suffisant dans ce cas ?

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si le Coran est placé dans un colis qui le protège, emballé de manière à éviter tout contact direct avec les mains de ceux qui le manipulent, et que le colis porte une mention claire indiquant qu’il contient un exemplaire du Coran afin qu’il bénéficie d’un traitement particulier, alors nous considérons qu’il n’est pas interdit de l’expédier de cette manière par des entreprises de transport ou de livraison.
Cela en raison de la généralisation de cette pratique et du besoin réel de faire circuler les exemplaires du Coran depuis les imprimeries, les bibliothèques ou les points de vente.
Quant à ce que mentionne le questionneur concernant le fait de jeter les colis, cela ne relève pas d’un acte de mépris ou de profanation, mais d’une procédure liée au tri et au transport – comme il l’a lui-même précisé. Cela est comparable au cas d’un voyageur plaçant un exemplaire du Coran dans sa valise, laquelle est ensuite mise dans la soute de l’avion, et susceptible d’être jetée ou déplacée brutalement par les employés des aéroports durant le chargement. Nous avons déjà mentionné dans une fatwa précédente qu’il n’y a aucun inconvénient à placer le Coran dans une valise contenant des vêtements lors d’un voyage, à condition que les vêtements en contact direct avec le Coran soient propres. Il convient de le mettre dans la poche située dans la partie supérieure de la valise, si celle-ci en possède une. À défaut, il faut le placer au-dessus des vêtements. Si la valise doit être enregistrée en soute, cela ne pose pas de problème non plus. Toutefois, il est préférable d’y coller une étiquette indiquant qu’elle contient un exemplaire du Coran, afin d’assurer sa protection contre tout traitement irrespectueux ou dégradant.
L’imam Ibn Mazah Al-Hanafî a dit dans Al-Muḥît Al-Burhânî :
« Si un homme possède une sacoche dans laquelle se trouvent des écrits contenant des versets du Coran, ou des livres de jurisprudence, de tafsîr, ou encore un exemplaire du Coran, et qu’il s’assoit ou s’allonge dessus, il n’y a pas de mal à cela s’il le fait avec l’intention de préserver [ces objets] ... De même, s’il place le Coran ou des ouvrages religieux sur une monture dans une sacoche, puis qu’il monte sur celle-ci, cela n’est pas répréhensible. »
Al-San‘âmî a justifié cela dans Naṣâb al-Iḥtisâb en disant :
« Car son intention est la préservation, et non le mépris. »
Et dans Al-Fatâwâ al-Hindiyyah (ou Al-‘Âlamgîriyyah), il est dit :
« Si un homme possède une sacoche contenant des pièces sur lesquelles sont écrits des versets coraniques, ou des livres de fiqh, de tafsîr ou un exemplaire du Coran, et qu’il s’assoit ou s’allonge dessus, il n’y a pas de mal à cela, tant que son intention est de préserver, comme cela a été rapporté dans Al-Dhakîrah. »
L’imam Al-Chabramallisî, dans sa Ḥâchiyah sur Nihâyat Al-Muḥtâj d’Al-Ramlî, rapporte la question suivante posée durant un cours :
« Qu’en est-il du fait de placer un Coran dans une sacoche ou autre, puis de monter dessus : est-ce permis ou non ? »
Il y répondit ainsi :
« Il semble que si cela est fait d’une manière considérée comme un affront – comme le fait de poser le Coran directement sous soi entre la selle et l’animal, ou que le Coran soit en contact direct avec le haut de la sacoche – alors cela est interdit. S’il y a toutefois une séparation suffisante entre le Coran et le cavalier, alors cela ne pose pas problème. À noter, car ce cas est fréquent. »
Al-Chirwânî mentionne des propos similaires dans sa Ḥâchiyah sur Tuḥfat al-Muḥtâj.
Il va donc de soi que le traitement d’un colis contenant le Coran est moins sensible que le traitement direct du Coran lui-même.
Et si ce jugement s’applique à l’exemplaire du Coran, il s’applique a fortiori aux livres de tafsîr, de hadith et autres ouvrages religieux.
La Commission des affaires générales du Comité de Fatwa du Koweït a été consultée sur une question similaire :
« Certaines associations islamiques envoient le Coran par voie postale à destination des musulmans dans divers pays. Cela expose les exemplaires à des traitements inappropriés (jets, empilements, etc.). Nous sollicitons donc un avis religieux concernant cette méthode de transport, afin d’éviter toute infraction potentielle. »
La Commission a répondu :
« Il convient de distinguer les colis contenant le Coran envoyés par courrier ou autre, en y apposant un symbole ou une mention indiquant la nécessité d’un soin particulier, afin d’éviter toute forme de profanation. »
Concernant le fait de toucher le Coran sans être en état de pureté rituelle, cela est interdit selon la majorité des écoles juridiques.
Certains savants l’ont toutefois permis.
Quant au fait de le toucher à travers un intermédiaire (comme des gants), la question fait l’objet d’une divergence : les écoles shafiite et malékite l’interdisent, tandis que les écoles hanbalite et hanafite l’autorisent.
Dans les cas de nécessité, il n’y a pas de mal à suivre l’avis permissif.
Et Allah sait mieux.