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Les opinions des oulémas concernant ce que la femme musulmane a le droit de dévoiler de son corps devant une femme non-musulmane

Question

Qu'est-ce qu'une femme musulmane a le droit de dévoiler de son corps devant une femme non-musulmane ? Quelles sont les avis des oulémas à ce sujet ? Et quelle est la raison de leur divergence ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Les oulémas ont divergé concernant ce qu'une musulmane a le droit de dévoiler de son corps devant une femme non-musulmane, en raison de leur divergence dans la compréhension du sens de la parole d'Allah le Très-Haut : « et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou à leurs femmes » (Coran 24/31)]. La question est : le terme « ou à leurs femmes » vise-t-il spécifiquement les femmes croyantes, ou bien l'ensemble des femmes ?
Le meilleur recueil et résumé de leurs paroles est ce qui figure à plusieurs endroits de l'Encyclopédie Juridique Koweïtienne. Il est ainsi mentionné en un endroit :
La 'awra (partie du corps à cacher) de la femme musulmane vis-à-vis d'une femme étrangère non-musulmane :
• L'avis majoritaire des juristes (les Hanafites, les Malikites, et c'est l'avis le plus juste chez les Chafi'ites) est que la femme étrangère non-musulmane est comme l'homme étranger vis-à-vis de la musulmane. Il ne lui est donc pas permis de regarder son corps, et la musulmane n'a pas le droit de se dénuder devant elle. Ceci est fondé sur la parole d'Allah : « et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris... ou à leurs femmes », c'est-à-dire les femmes musulmanes. Car s'il était permis à la femme non-musulmane de la regarder, la spécification [par l'ajout "leurs femmes"] n'aurait plus d'utilité. Il est également rapporté de façon authentique que 'Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, a ordonné d'empêcher les femmes des Gens du Livre d'entrer dans les bains publics avec les musulmanes.
• Face à l'avis le plus juste chez les Chafi'ites, il y a un avis selon lequel il est permis à la non-musulmane de voir chez la musulmane ce qui apparaît d'elle habituellement lors des travaux ménagers. Et selon un autre avis chez eux, il lui est permis de voir d'elle ce qu'une musulmane est autorisée à voir, en raison de l'unité de genre, comme pour les hommes.
• La doctrine chez les Hanbalites est qu'il n'y a pas de différence entre la musulmane et la femme dhimmi (non-musulmane protégée), ni entre le musulman et le dhimmi en ce qui concerne le regard. L'Imam Ahmad a dit dans une version rapportée de lui : "La femme non-musulmane ne doit pas regarder le sexe de la musulmane, et elle ne doit pas être sa sage-femme." Et dans une autre version de lui : "La musulmane ne doit pas retirer son voile (qina') en présence d'une femme dhimmi, et elle ne doit pas entrer avec elle au bain public." Fin de citation.
Et il est mentionné dans un autre endroit de l'Encyclopédie :
Les juristes ont divergé concernant la règle du fait pour une musulmane de permettre à une femme non-musulmane de la regarder, selon plusieurs avis :
Le premier avis : La femme non-musulmane, en ce qui concerne son regard sur la femme musulmane, est comme un homme étranger. Il n'est donc pas permis à la musulmane de lui permettre de regarder quoi que ce soit de son corps, excepté ce qu'il est permis à un homme étranger de regarder d'elle. C'est l'avis des Hanafites (selon l'opinion la plus correcte) et des Malikites, et c'est un avis chez les Chafi'ites que Al-Baghawi, Al-Balqini, An-Nawawi, Al-Qadi et d'autres ont considéré comme le plus juste, ainsi qu'une version chez les Hanbalites.
La majorité des tenants de cet avis estiment qu'il est permis à la femme musulmane de permettre à la non-musulmane de regarder son visage et ses mains, mais il lui est interdit de lui permettre de regarder autre chose que cela. C'est l'avis des Hanafites et des Malikites (selon l'opinion prépondérante), et c'est un avis chez les Chafi'ites, auquel a adhéré Ibn Taymiyya. Selon l'autre avis chez les Chafi'ites, il n'est pas permis à la musulmane de permettre à la non-musulmane de regarder quoi que ce soit de son corps ; c'est également l'avis de certains Malikites. Ceci [l'interdiction] est valable si la non-musulmane n'est pas une mahram pour la musulmane et n'est pas son esclave, car ces deux dernières [catégories] ont le droit de la regarder.
Leurs preuves :
1. Le verset : « ou à leurs femmes » a été interprété par la majorité des savants comme désignant les femmes musulmanes libres, en se fondant sur ce qui est rapporté de Ibn 'Abbas, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, dans son commentaire du verset : "Ce sont les musulmanes ; elle [la musulmane] ne doit pas le dévoiler devant une juive ou une chrétienne."
2. Car s'il était permis à la non-musulmane de regarder la musulmane, la spécification dans le verset par l'ajout "leurs femmes" n'aurait plus d'utilité, ce qui indique que les femmes visées sont un type spécifique, à savoir les musulmanes.
3. Ce qui est rapporté de 'Omar Ibn Al-Khattab, qu'Allah soit satisfait de lui, qu'il a écrit à Abou 'Ubayda : "Il m'est parvenu que des femmes musulmanes entrent dans les bains publics en compagnie de femmes des Gens du Livre. Empêche cela et interdis-le." Dans une autre version : "Il n'est pas permis à une femme qui croit en Allah et au Jour Dernier que [quelqu'un] regarde sa 'awra en dehors des gens de sa religion."
4. Ce qu'a rapporté Sa'id d'après Moujahid qui a dit : "La musulmane ne doit pas retirer son voile en présence d'une polythéiste, et elle ne doit pas être sa sage-femme, car Allah dit : 'ou à leurs femmes', et elle [la polythéiste] ne fait pas partie de 'leurs femmes'."
5. Le fait que la musulmane se dévoile devant une non-musulmane peut conduire celle-ci à décrire [son corps] à son mari ou à d'autres, car sa religion ne l'en empêche pas, contrairement à la musulmane qui sait que cela est interdit et s'en abstient.
6. Il est rapporté de 'Oubada Ibn Nussi qu'il réprouvait qu'une chrétienne soit la sage-femme d'une musulmane ou qu'elle voie sa 'awra, en interprétant le verset "ou à leurs femmes".
Le deuxième avis : Le regard de la femme non-musulmane sur la musulmane est comme le regard d'une musulmane sur une musulmane ; il n'y a pas de différence entre elles. C'est l'avis opposé au plus juste chez les Hanafites, et l'auteur de Al-'Inaya l'a jugé prépondérant. Un avis similaire est rapporté de As-Sarkhasi. C'est également une "éventualité" (opinion) chez les Chafi'ites qu'Al-Ghazali a considéré comme le plus juste, et c'est l'avis correct (as-sahih) chez les Hanbalites.
Des savants comme Al-Fakhr Ar-Razi et Ibn Al-'Arabi Al-Maliki ont préféré cet avis.
Leurs preuves :
1. Les femmes des Gens du Livre entraient chez les femmes du Prophète () et celles-ci ne se voilaient pas et n'ont pas reçu l'ordre de le faire.
2. L'analogie avec le regard de l'homme non-musulman sur l'homme musulman, en raison de l'unité de genre. De même qu'aucune distinction n'est faite concernant le regard entre les hommes en raison de la différence de religion, il en est de même pour les femmes.
3. La raison qui empêche les hommes de regarder les femmes n'existe pas dans le regard entre femmes, que la religion soit la même ou différente.
4. Cet avis est plus indulgent pour les gens et lève une gêne pour eux, car il est presque impossible que les musulmanes se cachent des femmes dhimmi.
Le troisième avis : Il est permis à la musulmane de permettre à la non-musulmane de regarder d'elle ce que ses mahram (hommes avec qui le mariage est interdit) ont le droit de regarder. C'est l'avis de certains Malikites, un avis chez les Chafi'ites qu'An-Nawawi a qualifié de plus proche [de la vérité], et une version chez les Hanbalites. Fin de citation.
Et c'est ce troisième avis qui est le plus apparent, et c'est l'avis modéré qui rassemble les preuves :
• La venue des femmes juives et polythéistes chez les Mères des Croyants est interprétée comme concernant le dévoilement de ce qui apparaît habituellement lors des travaux ménagers.
• L'effet de la parole de 'Omar Ibn Al-Khattab, qu'Allah soit satisfait de lui, est interprété comme concernant le dévoilement de ce qui dépasse cela, comme ce qui apparaît lors de l'entrée au bain public.
Al-Khallal a rapporté dans son Jami' que l'Imam Ahmad a dit : "Certains sont allés vers l'avis qu'elle ne doit pas retirer son voile en présence d'une juive ou d'une chrétienne, car elle ne fait pas partie de 'leurs femmes'. Quant à moi, je suis d'avis que la juive ou la chrétienne, ou toute autre qui n'est pas de 'leurs femmes', ne doit pas regarder le sexe [de la musulmane] et ne doit pas être sa sage-femme lors de l'accouchement. En revanche, pour ses cheveux, il n'y a pas de mal, ou il a dit : 'J'espère qu'il n'y a pas de mal.'"
Ibn Taymiyya a dit dans "Le Voile de la Femme" : "Sa parole, exalté soit-Il : « ou à leurs femmes » est une restriction par rapport aux femmes polythéistes. Ainsi, la polythéiste ne doit pas être la sage-femme de la musulmane, et elles [les musulmanes] ne doivent pas entrer avec elles au bain public. Cependant, des femmes juives entraient chez 'Aisha et d'autres, et elles voyaient son visage et ses mains, contrairement aux hommes. Ceci [est permis] pour la parure apparente vis-à-vis des femmes dhimmi, mais il n'est pas permis aux dhimmi de voir la parure intime. Le dévoilement [de ce qui est] apparent et [de ce qui est] caché dépend de ce qu'il lui est permis de dévoiler."
Al-Alousi a dit dans Rouh Al-Ma'ani : "Et cet avis est plus indulgent pour les gens aujourd'hui, car il est presque impossible que les musulmanes se cachent des femmes non musulmanes."


Et Allah sait mieux.

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