Je travaille dans la sécurité des sites web, plus précisément dans le domaine du « bug bounty » : le propriétaire d’un site nous met son site à l’épreuve pour que nous le testions, et il paie pour chaque vulnérabilité que nous trouvons. J’ai récemment testé un site, découvert une vulnérabilité, l’ai signalée et j’ai reçu la récompense grâce à Allah.
Sur ce site il existe une section payante : on achète un abonnement pour une durée déterminée et on bénéficie des services payants du site pendant cette période.
Ma question : je voulais acheter ces services (qui me seraient donc accessibles pendant une durée donnée), mais mon intention n’est pas d’utiliser ces services, c’est de les tester dans l’espoir d’y découvrir une vulnérabilité que je vendrai au propriétaire du site. J’ai eu le doute que cela puisse constituer du jeu de hasard (qimâr), parce que mon intention n’est pas de profiter du service rendu, mais de tester dans l’attente éventuelle de trouver une faille qui peut ou non exister.
J’ai cherché des fatwas sur Internet, mais cela n’a fait qu’embrouiller les choses : je mélange maintenant commerce et jeu de hasard, puisque les deux comportent un élément de risque.
Aidez-moi s’il vous plaît : est-ce que mon achat de ces services dans le but de les tester et d’obtenir de l’argent constitue du jeu de hasard, alors que le service m’est bien disponible (et est en lui-même utile), mais que je m’intéresse davantage à la découverte de vulnérabilités ?
Aussi, pouvez-vous clarifier la différence entre commerce et jeu de hasard ? Et est-ce que le fait d’utiliser de la publicité payante sur Facebook pour promouvoir mon produit relève du jeu de hasard aussi, dans la mesure où je ne sais pas si ces publicités généreront des ventes ou non ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il est vrai que le commerce comme le jeu de hasard comportent tous deux un risque, mais il y a un abîme entre les deux sortes de risque.
La prise de risque dans le commerce est accidentelle et non voulue ; elle n’implique pas d’injustice ni pour le vendeur ni pour l’acheteur : les deux parties tirent profit, il se peut que les deux gagnent ou que l’un gagne plus que l’autre, mais l’autre n’est pas privé de tout avantage et sa perte n’est pas totale. Il n’y a pas dans le commerce d’appropriation illicite des biens d’autrui.
En revanche, dans le jeu de hasard, le risque est essentiel et voulu, et la perte réelle et certaine touche nécessairement l’une des deux parties : l’un d’eux perd tout ce qu’il a donné, tandis que l’autre exerce une injustice en s’appropriant cet argent illicitement.
Ibn al-Qayyim dit dans Zâd al-Ma‘âd que les risques sont de deux types :
• le risque du commerce : acheter une marchandise dans l’intention de la revendre avec bénéfice et placer sa confiance en Allah ;
• et le risque du jeu (al-maysir) qui implique l’« appropriation illicite de l’argent », interdit par Allah et Son messager. Ce dernier type est celui qui fait qu’un joueur « gagne » au détriment d’un autre qui se plaint. Tandis que pour le commerçant, si le prix baisse ensuite, c’est la volonté d’Allah et il n’y a pas d’injustice comme dans le jeu.
Concernant l’achat des services dont vous parlez dans le but de les tester pour trouver une vulnérabilité et la vendre ensuite au propriétaire du site : ce n’est pas du jeu de hasard. Vous avez payé pour un service licite et utile, que vous en ayez besoin ou non ; l’achat d’un service utile reste une transaction permise même si votre intention réelle est de l’examiner pour y découvrir une faille.
Il en va de même pour la dépense en publicité payante : le fait de ne pas savoir si la publicité aboutira à des ventes n’en fait pas un jeu de hasard, car vous payez pour un service licite (la promotion). L’incertitude du résultat n’en fait pas une activité illicite.
Et Allah sait mieux.
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