Je suis médecin et j’ai rejoint il y a une semaine une clinique privée. Cependant, je doute de la licéité de certaines pratiques qui s’y déroulent, et j’aimerais connaître votre avis.
Cette clinique accueille les accidents du travail ainsi que des patients étrangers bénéficiant d’une couverture médicale, c’est-à-dire qu’ils ne paient rien. Mais le directeur de la clinique exige que l’on prescrive des examens dont la plupart ne sont pas nécessaires, et demande aussi que le patient passe la nuit à l’hôpital pour observation, alors que son état ne le justifie pas toujours. M’est-il permis, maintenant que je connais cela, de poursuivre mon travail avec eux ? Et qu’en est-il si je ne compte pas ces patients dans la liste de ceux que j’ai examinés, sachant que ma rémunération dépend du nombre de consultations ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le fait, pour l’administration, d’imposer des examens non nécessaires ou de garder un patient à l’hôpital sans indication médicale constitue une tromperie, et un acte interdit. Cela relève de la falsification et de la consommation illicite des biens d’autrui. Le Prophète (
) a dit : « Celui qui nous trompe n’est pas des nôtres » (rapporté par Mouslim).
Contraindre un patient ou une compagnie d’assurance à payer des prestations dont il n’a pas besoin revient à manger les biens d’autrui de manière injuste. Allah, exalté soit-Il, dit : « Ne dévorez pas mutuellement vos biens de façon illégitime » (Coran 2/188).
Ainsi, si vous savez que ces examens ou cette hospitalisation ne sont pas justifiés médicalement, il ne vous est pas permis d’y participer ni d’y consentir. Participer à un acte illicite, même sous forme d’instruction administrative, entre dans le cadre de l’entraide dans le péché et la transgression, interdite par la parole d’Allah : « Ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Coran 5/2).
Si vous pouvez limiter votre activité à ce qui est licite et médicalement nécessaire, alors vous pouvez rester à votre poste, en accomplissant votre travail avec intégrité et en évitant toute participation à ce qui est interdit.
En revanche, si l’on vous oblige à participer à la tromperie, au mensonge ou à la falsification des factures, et que vous ne pouvez pas vous y soustraire, il vous faudra alors quitter cet emploi et chercher une source de revenu licite, même si son rendement est moindre. Celui qui abandonne quelque chose pour Allah, Allah lui accorde bien mieux en échange.
S’agissant de votre rémunération, ce que vous percevez pour un travail correct et licite est permis. Quant à ce qui provient d’actes non nécessaires — examens, interventions ou hospitalisations injustifiées — cela constitue un revenu non légitime et qui ne vous est pas permis.
Pour les patients qui nécessitent un examen et que vous examinez réellement, votre rémunération est due, qu’ils aient ensuite besoin ou non de traitement ou d’hospitalisation.
En revanche, les patients dont l’état ne requiert aucun examen — parce qu’ils ne sont pas réellement atteints — ne doivent pas être ajoutés à votre liste de patients.
Nous vous recommandons de faire preuve d’honnêteté dans l’évaluation médicale, de ne prescrire ni examens ni hospitalisations sans justification, d’informer l’administration avec bienveillance si possible, ou de vous contenter de vous abstenir d’y participer. Craignez Allah dans votre travail, et ne vous souciez pas si votre revenu diminue en raison de votre sincérité : C'est Allah qui donne la subsistance.
Et Allah sait mieux.
Recherche FatwasVous pouvez rechercher une fatwa à travers de nombreux choix
Le plus lu aujourd’hui